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Déni, insouciance ou force de caractère ?

Une histoire véridique

Josiane fait la connaissance de Marie

Josiane S. est une habituée de la salle de musculation proche de son domicile. Elle y va pratiquement tous les jours, en partie pour entretenir sa forme physique, mais peut-être aussi et surtout pour papoter avec ses copines en marchant sur son tapis qui défile à une vitesse plutôt modérée. Elle a ses habitudes, notamment avec son amie Christine, qui règle son tapis à la même vitesse que le sien pour pouvoir discuter tranquillement. Le mari de Josiane est beaucoup plus âgé qu’elle, et il commence à perdre la boule. Elle s’ennuie chez elle. Alors, ces moments passés à la salle, dans une atmosphère bon enfant et amicale, lui sont vraiment nécessaires.

Un jour elle voit arriver une femme approximativement du même âge qu’elle, qu’elle ne connaît pas. Elle est blonde, grande et mince, naturellement musclée. Elle ne vient pas pour bavasser mais pour travailler son physique. Pendant une heure et demie, elle passe d’un appareil à un autre, en soulevant des charges que les autres femmes n’arrivent même pas à faire bouger. Elle adore ces moments d’activité physique qui la défoulent. Elle aussi s’ennuie à la maison, parce que son mari, chirurgien à l’hôpital, travaille toute la journée. Ce n’est qu’après avoir rempli tout son programme d’entraînement qu’elle discute avec les autres habituées de la salle. Elle est très sociable, et se lie vraiment facilement.

Josiane a envie de la connaître et l’aborde rapidement. Elle apprend que l’inconnue s’appelle Marie C. Bien que Marie ne se présente jamais comme l’épouse d’un médecin travaillant à l’hôpital, elle porte un nom suffisamment peu courant dans la région pour  que Josiane fasse rapidement le rapprochement : c’est son mari, le Dr C., qui l’a opérée il y a presque cinq ans d’un cancer du rectum*. Elle ne parle jamais de son opération, qui s’est très bien passée, et qui n’a pas été suivie de chimiothérapie*. Du coup Josiane a mis cet épisode de sa vie dans un coin de sa tête, et n’y pense que lors des contrôles*. Et justement, le prochain et dernier contrôle est prévu dans quelques semaines. Si sa coloscopie* est normale, elle pourra être considérée comme guérie*, cinq ans après son opération. En attendant le résultat de cette coloscopie, elle est censée être en rémission*, mais dans sa tête elle est guérie depuis qu’elle est sortie de l’hôpital, une semaine après son opération. Elle n’est pas du genre à s’appesantir sur ses problèmes de santé, et encore moins à en parler autour d’elle, contrairement à la plupart des gens qu’elle connaît.

Josiane, Christine et Marie deviennent vite amies, mais cette amitié se limite, pour l’instant, aux moments passés ensemble à la salle de musculation.

Assez vite Josiane dit à Marie : « tu sais, c’est ton mari qui m’a opérée il y a cinq ans. Il a fait du bon boulot ».

Le soir, pendant le dîner, Marie dit à Thomas, son mari : « J’ai fait la connaissance, à la musculation, d’une patiente que tu as opérée il y a cinq ans d’un cancer du rectum. Elle ne tarit pas d’éloge sur toi. Elle s’appelle Josiane S. Est-ce que tu te souviens d’elle ? ». Marie sait que Thomas n’a pas une grande mémoire des noms ; et celui-là ne lui dit rien. Du coup, il consultera son dossier pour se le remettre en mémoire.

Josiane est dysphagique

Depuis quelques semaines, Josiane a des difficultés à avaler (elle est « dysphagique* »), ce qui n’est pas habituel chez elle, car elle a plutôt un solide coup de fourchette. Elle en parle à Marie, parce qu’elle sait qu’elle était infirmière avant d’être en retraite. La réponse ne se fait pas attendre : « il faut que tu voies vite le gastro qui a découvert ton cancer du rectum ». Marie sait qu’une fibroscopie* gastrique (« la fibro ») est nécessaire pour comprendre ce qui arrive à sa copine. Mais comme cette dernière est velléitaire, elle se dit qu’elle ne le fera que si elle prend elle-même les choses en main. Elle connaît le gastro-entérologue*, qui est un copain de travail de son mari. Elle prend donc l’initiative du rendez-vous, et propose à Josiane de l’accompagner. Marie a un peu un tempérament de Saint-bernard, et ne peut pas s’empêcher de s’investir dans les problèmes de santé de ses amis, dès lors qu’elle est sollicitée.

Marie accompagne Josiane à l’hôpital pour la gastroscopie* en ambulatoire*. Le gastro-entérologue, qui sait que Thomas C. est au courant pour son ancienne patiente, vient lui dire juste après : « j’ai fais des biopsies*, et il faut attendre les résultats ; mais ce que je peux te dire, c’est que ça ne sent pas bon du tout. Elle a une tumeur* du tiers moyen de l’œsophage* ». Quand les résultats des biopsies reviennent, dix jours plus tard, le verdict tombe : carcinome épidermoïde*. Josiane a un cancer de l’œsophage dans sa forme habituelle. Ce n’est pas une bonne nouvelle, car le pronostic* de ce cancer n’est franchement pas terrible. Ce qui est curieux, c’est que cette maladie est plutôt l’apanage des hommes dits alcoolo-tabagiques*. Or elle ne fume pas, ne boit pas. Bizarre !

Josiane semble ne pas comprendre la gravité du diagnostic* qu’on lui a expliqué, peut-être de manière insuffisamment explicite. Elle ne semble pas avoir compris qu’elle a un nouveau cancer, qui n’a rien à voir avec le précédent. Marie sait que son mari annonce toujours ce genre de diagnostic avec tact mais sans tourner autour du pot. Elle lui demande donc de recevoir Josiane chez eux, en amis, pour qu’il puisse lui expliquer sans détour ce qu’elle a vraiment. C’est donc ce qui va se passer, une fin d’après-midi, après la séance de  musculation des deux femmes. Comme a son habitude, Thomas explique très clairement à Josiane qu’elle a un cancer de l’œsophage, dont le traitement sera discuté en réunion de concertation pluridisciplinaire* à Bordeaux ; ce sera soit une intervention d’exérèse* assez lourde, soit une association de chimiothérapie et de radiothérapie*, sans chirurgie, ce qu’on appelle une radio-chimiothérapie exclusive. Le mieux serait qu’elle voit un spécialiste du cancer de l’œsophage à Bordeaux, le grand centre anticancéreux* le plus proche de l’endroit où ils habitent, une sous-préfecture du  Lot et Garonne.

En attendant ce rendez-vous, des examens sont réalisés dans le cadre du bilan d’extension* : marqueurs tumoraux*, bronchoscopie*, scanner*, Tep-scan*. Quand elle verra le chirurgien bordelais, son dossier sera complet et une décision lui sera proposée.

Josiane et Marie vont consulter au CHU

Un rendez-vous est donc pris au CHU* de Bordeaux, et les deux amies s’y rendent ensemble, avec tous les examens déjà faits. Le chirurgien qu’elles rencontrent est plutôt jeune, l’allure décontractée, l’abord sympathique. Il lit le courrier du gastro-entérologue, et commence à poser à Josiane des questions sur ses symptômes* et ses antécédents*. Quand il lui demande si elle a déjà été opérée, Josiane répond, sans prendre le temps de la réflexion : « non, jamais ». Surprise de son amie Marie : « Enfin, tu oublies de dire que tu as été opérée d’un cancer du rectum il y a cinq ans. Ce n’est pas rien, tout de même ! ». Josiane répond : « Tu as raison, ça m’était complètement sorti de l’esprit ».

Le chirurgien s’amuse de cet échange un peu surréel : « Votre amie a raison, ce n’est pas anodin comme antécédent. Mais si vous l’avez oublié, c’est que vous n’en gardez probablement aucune séquelle ». Josiane confirme que tout va bien de ce côté.

La consultation se poursuit, et le chirurgien leur explique qu’il va passer le dossier en réunion de concertation disciplinaire (les fameuses RCP) ; il appellera ensuite le gastro-entérologue pour lui donner le résultat de la RCP.

La semaine suivante, les deux amies se retrouvent dans le cabinet du gastro, qui leur explique que la RCP a tranché en faveur d’une radio-chimiothérapie exclusive ; bonne nouvelle, Josiane n’aura pas besoin de subir une lourde intervention, à laquelle elle s’était préparée, et qu’elle aurait acceptée sans sourciller.

Sur le chemin du retour, Josiane fait à Marie une réflexion stupéfiante : « Tu sais, je mange un peu mieux ces derniers temps, je crois que je suis en train de guérir ». Marie se demande si elle doit lui dire ce qu’elle a en tête, à savoir qu’on ne peut pas guérir d’un cancer avant que le traitement n’ait commencé. Mais elle est tellement désarçonnée par cette réflexion qu’elle préfère garder sa réponse pour elle. À quoi bon, se dit-elle, elle me semble être dans le déni* complet, et ce que je pourrais dire n’y changerait rien. Alors, tais-toi !

Entretemps, la coloscopie de contrôle, dont la date de réalisation est arrivée, apporte une bonne nouvelle : le cancer du rectum peut  être considéré comme guéri. Mais, pour Josiane, ce n’est que la confirmation de ce dont elle était sûre.

Josiane est en cours de traitement

Le traitement sera fait à l’hôpital d’Agen. Elles s’y rendent ensemble pour voir l’oncologue* en consultation. Celui-ci a un langage plutôt « cash », et n’évite pas de lui rappeler qu’elle a un cancer de l’œsophage. Il lui explique ce qui va se passer : les 30 séances de rayons, les 6 cures de chimiothérapie, les effets secondaires*, les examens de suivi* ; tout y passe, pendant une heure. Tout cela lui sera répété par le menu lors de la consultation d’annonce*, menée par une infirmière spécialisée. Elle devra se faire poser une chambre implantable* ; c’est le mari de Marie qui s’en chargera. L’oncologue lui explique également que sa dysphagie risque de s’aggraver temporairement en cours de traitement, et il conseille vivement la réalisation préalable d’une gastrostomie d’alimentation*. Josiane ne veut pas en entendre parler, et refuse catégoriquement. On s’en passera donc. Elle refuse également l’aide d’un psychologue spécialisé ; elle n’en voit nullement l’utilité.

Pendant tout ce temps, les trois amies se retrouvent quotidiennement à la salle de musculation, et Josiane ne dit pratiquement à personne ce qui lui arrive, pas même au professionnel qui gère la salle, un ami de toujours. Il verra bien qu’elle espacera ses venues, mais n’en connaîtra pas la raison, et ce n’est ni Christine ni Marie qui en parleront à quiconque, si ce n’est entre elles.

Depuis que Marie aide Josiane à gérer ses problèmes de santé, elle a pris l’habitude de la raccompagner chez elle en sortant de la salle, pour que Josiane ne se sente pas trop seule. Elles papotent toutes les deux une petite heure, puis Marie rentre chez elle. Thomas, son mari, trouve que, comme à son habitude, sa femme en fait beaucoup, et il lui conseille gentiment de ne pas trop s’investir affectivement dans cette histoire. Christine aussi trouve que son amie Marie se laisse vampiriser par Josiane. D’accord pour l’empathie*, mais gare à la compassion*. Mais elle est comme ça, et s’est promis de ne pas la lâcher pendant toute la durée du traitement. Après, elle verra…

Le traitement est maintenant commencé, avec toujours la même routine pour les rayons et la chimiothérapie. Josiane semble bien tolérer le traitement, mais, rien à faire, elle n’arrive toujours pas à manger autre chose que du liquide. Une fois on a dû repousser sa séance de chimio, parce que sa prise de sang n’était pas bonne. Une autre fois, le taxi l’a déposée à 7 H 30 dans le service de radiothérapie, comme d’habitude ; mais on avait oublié de la prévenir la veille que la machine était en maintenance, et qu’elle n’aurait pas sa séance. Josiane aurait pu être furieuse d’avoir fait ce trajet pour rien, d’autant qu’elle s’est levée très tôt pour ça. Mais elle n’a manifesté aucune mauvaise humeur ; tout semble glisser sur elle, et cette attitude « philosophe » force un peu l’admiration de son entourage, et en tout cas de Marie, qui se dit que si elle était à la place de son amie, elle ne réagirait pas du tout comme elle.

Le traitement a produit un effet secondaire très gênant

Le traitement est maintenant terminé, sans grand effet secondaire apparent, mais sans grande efficacité non plus sur sa dysphagie. Deux explications sont possibles : soit le traitement n’a pas marché, et le pet-scan* est là pour en juger ; soit la radiothérapie a entraîné une sténose* œsophagienne, et c’est la gastroscopie qui le montrera.

Josiane attend donc avec une grande impatience le résultat du pet-scan ; pour une fois, elle montre des signes d’inquiétude, mais celle-ci est vite dissipée, car l’examen montre la disparition de la tumeur. Ouf !!!

Reste donc à passer la fibroscopie. Marie a proposé à Josiane de changer de gastro-entérologue, car elle trouve, à tort ou à raison, que le premier ne s’est pas beaucoup investi dans la prise en charge. Elle a donc demandé à son mari de contacter un autre gastro-entérologue de ses amis, qui va se révéler beaucoup plus à l’écoute de sa patiente.

La gastroscopie va confirmer les craintes que l’on avait : il y a une sténose assez importante, qu’il va falloir dilater en plusieurs séances. Mais, avant cela, il va réaliser des biopsies pour confirmer les données du tep-scan, à savoir qu’il n’y a pas de cellules cancéreuses résiduelles. Et, dix jours plus tard, la bonne nouvelle tombe : biopsies négatives.

Tout le monde respire ; le traitement a bien fonctionné. Quelques séances de dilatation plus tard, Josiane peut recommencer à manger normalement.

Josiane est en rémission

Marie est vraiment heureuse pour son amie, qui lui fait une nouvelle réflexion désarmante : « pourquoi est-ce que tout cela m’est arrivé, à moi qui ne suis jamais malade ?». Encore une fois, elle a complètement occulté que ce cancer n’est pas le premier qui lui tombe dessus.

C’est ici l’occasion d’ouvrir une parenthèse sur la question essentielle du « pourquoi ? », que posent la plupart des patients, et à laquelle sont confrontés tous les médecins, lesquels sont bien embarrassés pour y répondre. En fait, deux interprétations de cette question sont possibles. « Pourquoi ? » peut vouloir dire en fait « comment ? » : comment (pourquoi) le cancer débute-t-il puis se développe-t-il ? est une question que Josiane pourrait légitimement se poser, et le corps médical pourrait lui répondre, puisque les mécanismes de la cancérogénèse* sont actuellement bien connus. Mais, en fait, ce que Josiane aimerait savoir, c’est pourquoi cette maladie lui est tombée dessus ? Pourquoi elle, précisément, sans facteur de risque connu (elle ne boit pas, ne fume pas) et pas quelqu’un d’autre ? Et là, pas de réponse possible du corps médical, car cette question n’est pas scientifique, mais philosophique. 

Marie fait comprendre à son amie, le plus diplomatiquement possible, qu’elle sera moins présente dorénavant, dans la mesure où elle n’aura plus vraiment besoin d’elle sur un plan médical. Mais, bien sûr, elles resteront amies, comme avant que Josiane ne tombe malade. Josiane a un peu de mal à l’accepter, car elle s’était bien habituée à la présence bienveillante de Marie. Et elle a tendance à penser, sans aucune raison, que Marie lui fait un peu la gueule.

Quant à celle-ci, elle se pose beaucoup de questions sur le comportement de Josiane. Elle en discute souvent avec son mari : est-ce que son apparente indifférence à tout ce qu’elle vient de vivre est due à une forme d’insouciance, ou à un déni de réalité ou encore à une très grande force de caractère, qui la pousserait  notamment à ne jamais s’étendre sur ses problèmes de santé, comme s’ils étaient accessoires ? Elle n’aura jamais la réponse, mais se dit que ce comportement tellement étrange aura permis à son amie et à son entourage de vivre assez sereinement cette lourde épreuve. Alors, peu importe vraiment la réponse, car le résultat est bluffant. Mais Marie a une crainte, qui n’effleure pas l’esprit de Josiane : comment réagirait cette dernière en cas de rechute ? Pour l’instant elle est en rémission, mais la guérison d’un cancer d’aussi mauvais pronostic est loin d’être acquise, même si elle l’est dans la tête de Josiane. Et cela, Marie le sait parfaitement.

En attendant, la vie a repris son cours, comme s’il ne s’était rien passé.

Notes

Alcoolo-tabagique : personne souffrant d’une double addiction, au tabac et à l’alcool.

Ambulatoire : modalité d’hospitalisation qui ne comporte qu’une journée  de 12 heures maximum passée en établissement de soins. L’essentiel des actes de gastro-entérologie est réalisé en ambulatoire ; les actes de chirurgie de plus en plus souvent (chirurgie ambulatoire). Abrégé : ambu.

Antécédents : on distingue les antécédents familiaux du patient et ses antécédents personnels ; ceux-ci comportent les antécédents médicaux et chirurgicaux. Les premiers sont les maladies dont le patient a souffert dans le passé (un infarctus par exemple), ou dont il souffre encore (un diabète) ; ces dernières sont appelées « comorbidités ». Les antécédents chirurgicaux, c’est l’ensemble des interventions subies par le patient dans sa vie. Le recueil des antécédents s’appelle l’anamnèse.

Bilan d’extension : ensemble des examens, essentiellement d’imagerie médicale, qui permettent de connaître le stade clinique d’un cancer avant d’entreprendre son traitement.

Biopsie : prélèvement d’un fragment d’une lésion en vue d’un diagnostic anatomo-pathologique.

Bronchoscopie : endoscopie de l’arbre trachéo-bronchique. Dans le cas du cancer de l’œsophage, la bronchoscopie sert à vérifier l’absence d’infiltration tumorale de la trachée.

Cancer de l’œsophage : tumeur maligne de l’œsophage. La forme habituelle est le carcinome épidermoïde. L’adénocarcinome ne s’observe qu’au tiers inférieur.

Cancer du rectum : tumeur maligne du rectum. Le traitement varie selon la localisation par rapport à la marge anale.

Cancérogénèse : ensemble des mécanismes qui expliquent la transformation de cellules normales en cellules cancéreuses, puis leur multiplication.

Carcinome épidermoïde : les tumeurs solides, ou carcinomes, se développent aux dépens des muqueuses. S’il s’agit d’une muqueuse glandulaire, il s’agit d’un adénocarcinome, comme dans le cas du cancer du rectum ; s’il s’agit d’une muqueuse épithéliale, le cancer sera un carcinome épidermoïde.

Centre anticancéreux : centre hospitalier spécialisé dans le traitement du cancer. 

Chambre implantable : dispositif médical implanté dans une grosse veine, permettant de réaliser la chimiothérapie sans avoir à piquer une veine à chaque séance. La chambre est placée sous la peau, en avant des côtes, à gauche ou à droite.

Chimiothérapie : abréviation de chimiothérapie anticancéreuse. Ce terme désigne l’ensemble des médicaments destinés à lutter contre le cancer.

CHU : Centre hospitalier universitaire. Il s’agit d’hôpitaux implantés dans des métropoles régionales (CHRU), adossés  à une faculté de médecine.

Coloscopie : examen du côlon réalisé à l’aide d’un endoscope souple, le coloscope. Souvent abrégé en « colo ».

Compassion/Empathie : l’empathie est la capacité à comprendre ce que ressentent les autres. La compassion consiste à se mettre à la place des autres, et à partager leurs souffrances (compassion veut dire « souffrir avec »).

Consultation d’annonce : les maladies graves et les « dommages associés aux soins » dont un patient a été victime doivent être annoncés de manière protocolaire. Pour le cancer, le diagnostic est annoncé par le médecin qui l’a posé. Ce diagnostic et tout ce qui en découle seront ensuite détaillés lors d’une consultation infirmière spécialisée, appelée « consultation d’annonce ».

Contrôle : examens cliniques, biologiques et d’imagerie médicale réalisés à intervalles réguliers dans la surveillance d’un cancer traité.

Déni : le déni de réalité consiste à ne pas vouloir, de manière non consciente, admettre un diagnostic ou une situation. Le déni fait également partie des phases du deuil. Le plus spectaculaire des dénis est le déni de grossesse.

Diagnostic : le diagnostic est à la fois une démarche médicale, visant à identifier la maladie dont souffre un patient, et le résultat de cette démarche. On diagnostique des maladies, mais pas des malades. Dire, comme on l’entend souvent, « on l’a diagnostiqué autiste » est une expression inadéquate. « On lui a diagnostiqué un autisme » est la bonne formulation.

Dilatation : élargissement d’une sténose réalisée par endoscopie à l’aide de ballonnets gonflables.

Dysphagie : difficulté à avaler les aliments, d’abord solides, puis liquides. Quand plus rien ne passe, il s’agit d’une aphagie.

Effet  secondaire/Effet indésirable : un médicament a toujours un effet principal, qui est l’effet recherché (on dit aussi l’effet thérapeutique), et d’autres effets, non voulus, qui sont les effets secondaires. Ceux-ci peuvent être bénéfiques, mais plus souvent nocifs ; ce sont alors des effets indésirables. En pratique, effet secondaire et effet indésirable sont souvent employés l’un pour l’autre.

Exérèse/Résection : synonymes d’ablation chirurgicale.

Fibroscopie/Endoscopie digestive : exploration du versant interne du tube digestif à l’aide d’un fibroscope. Les deux modalités essentielles sont la gastroscopie (endoscopie haute) et la coloscopie (endoscopie basse).

Gastro-entérologue : spécialiste des maladies digestives. Souvent abrégé en « gastro », diminutif également utilisé pour la gastro-entérite (la gastro).

Gastroscopie : c’est le nom exact de la fibroscopie gastrique, que l’on a tendance à appeler « fibroscopie ».

Gastrostomie (jéjunostomie) d’alimentation : abouchement à la peau de l’estomac ou d’une anse jéjunale en vue d’alimentation entérale.

Guérison : en matière de cancer, on ne parle de guérison qu’au bout de cinq ans, s’il n’y a ni métastase ni récidive.

Marqueur tumoral : molécule présente normalement dans le sang à un taux très bas, lequel s’élève en cas de cancer. Certains marqueurs sont spécifiques d’un cancer donné, d’autres peuvent être corrélés à plusieurs cancers. En cancérologie digestive, le plus utilisé est l’ACE, antigène carcino-embryonnaire.

Œsophage : partie initiale du tube digestif, qui part du pharynx et se termine dans l’estomac. Pour les modalités du traitement du cancer de l’œsophage, on le divise en trois tiers (inférieur, moyen et supérieur).

Oncologie/Oncologue : en théorie, l’oncologie est la discipline qui traite du cancer sous tous ses aspects (y compris la recherche), alors que la cancérologie ne s’occupe que des aspects cliniques. En pratique, les deux termes sont utilisés indifféremment, et le cancérologue spécialiste de la chimiothérapie est souvent qualifié d’oncologue (mais pas le radiothérapeute).

Pronostic : contrairement au diagnostic, le pronostic est une prévision (mais pas une prédiction) sur l’évolution d’une maladie ou d’un patient. On entend souvent l’expression consacrée « le pronostic vital est engagé », quand un patient est en danger de mort.

Radiothérapie/Rayons : la radiothérapie, c’est l’utilisation des rayonnements ionisants pour traiter le cancer. Le cancérologue spécialiste de radiothérapie est un radiothérapeute. Les patients parlent de « rayons ». Les rayonnements sont également utilisés en imagerie médicale ou en médecine nucléaire,  mais on ne parle pas dans ce cas de radiothérapie.

Rémission/Guérison : période dépourvue d’évènement lié au cancer, qui commence avec la fin du traitement et qui se termine au bout de cinq ans. On peut alors parler de guérison.

Réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) : réunions qui se tiennent régulièrement, dans lesquelles les différents spécialistes du cancer prennent collégialement des décisions thérapeutiques pour les patients dont les dossiers sont présentés. Le passage en RCP de tous les dossiers de patients cancéreux est une obligation médico-légale.

Scanner : examen d’imagerie médicale utilisant les rayons X. On parle également de tomodensitométrie (TDM).

Sténose : rétrécissement du calibre d’un organe creux tubulaire.

Suivi/Surveillance : on parle de surveillance ou de suivi. Un patient traité pour un cancer, quel qu’il soit, doit être suivi au moins pendant cinq ans.

Symptôme : un symptôme, ou signe, peut être objectif, constaté par le patient et confirmé par le médecin (une rectorragie), ou subjectif, ressenti par le patient (une douleur). Un ensemble cohérent de symptômes est un syndrome.

Tep-Scan/Pet-scan : scintigraphie couplée au scanner. Examen d’imagerie réalisé en médecine nucléaire, qui permet en particulier de détecter des lésions cancéreuses quel que soit l’endroit du corps où elles se trouvent.

Tumeur : terme assez générique qui s’applique aussi bien à une lésion bénigne comme un polype qu’à une lésion maligne comme un cancer. Cependant, le mot tumeur est souvent employé comme synonyme de cancer, comme c’est le cas ici, même si on n’a pas encore les résultats histologiques, seuls capables d’affirmer qu’une tumeur est un cancer.