Le secourisme est une activité bénévole non médicale dont la finalité est de porter les premiers secours à toute personne en situation de danger.
Dans les établissements de santé, les soins d’urgence sont prodigués en général par des catégories particulières de personnel médical : urgentistes, anesthésistes, réanimateurs, cardiologues. Mais, dans l’espace public, de tels gestes peuvent être effectués par toute personne ayant reçu une formation spécifique. On parle alors de secourisme.
Définition du secourisme
Le secourisme, qu’on appelle aussi prompt secours (expression que personnellement je n’ai jamais entendue) ou encore secours à victimes (SAV) désigne, dans notre pays, les gestes de premier secours réalisés sur place en urgence par des personnes ayant des connaissances nécessaires, qu’il s’agisse de secouristes bénévoles ou de sapeurs-pompiers.
Le secourisme consiste donc à maintenir les fonctions vitales d'une victime jusqu’à l’arrivée des secours professionnels, déclenchée par l’appel à la régulation du SAMU, en composant le 15.
Ne pas porter ce type de secours sous prétexte que l’on n’a pas été formé peut être qualifié de non-assistance à personne en danger (ou en péril), infraction punie par la loi.
Situations nécessitant des gestes de secourisme
Les situations dans lesquelles des gestes de secourisme sont à mettre en œuvre peuvent de résumer à quatre, énumérées par ordre alphabétique : l’arrêt cardiaque ; l’étouffement (ou asphyxie) ; la perte de connaissance ; le saignement (ou hémorragie). Ces situations peuvent survenir dans des circonstances et dans des lieux très variés : accident domestique (blessure, brûlure, intoxication oxycarbonée, etc.) ; accident de la voie publique (AVP), noyade, pratique sportive, tentative de suicide ou encore spontanément, comme la survenue d’un malaise sur la voie publique.
Il faut ajouter à ces situations le choc psychologique, qui nécessite une prise en charge d’urgence particulière.
Les gestes de premier secours
Les différentes situations que nous venons d’évoquer doivent déclencher des gestes de premier secours spécifiques.
1) Arrêt cardiaque : assurer la liberté des voies respiratoires et pratiquer un massage cardiaque externe (MCE), en alternant 30 compressions thoraciques suivie de 2 insufflations par la technique du bouche à bouche. Le recours au défibrillateur est explicité dans le paragraphe suivant.
2) Asphyxie : elle peut être due au passage dans les voies respiratoires d’un morceau d’aliment, à l’occasion d’une « fausse route ». Cet accident est fréquent chez les enfants en bas âge, qui peuvent mourir en quelques minutes étouffés par une simple cacahuète. Il convient alors d’appliquer de grandes claques entre les omoplates pour provoquer une secousse de toux libératrice.
3) Perte de connaissance (malaise, crise convulsive…) : libérer les voies aériennes supérieures et installer la personne en « position latérale de sécurité » si elle est couchée sur le dos (en décubitus dorsal), pour maintenir cette perméabilité. Le terme médical est « décubitus latéral ». Concrètement, il s’agit de placer la personne inconsciente sur le côté, le corps en chien de fusil, la tête dans le prolongement du dos.
4) Saignement : il faut comprimer directement la plaie qui saigne, en évitant si possible de rentrer en contact direct avec le sang de la victime. Il est déconseillé de recourir au traditionnel garrot confectionné avec un tissu de fortune (plus personne n’a de mouchoir en tissu dans sa poche !), qui risque d’entraîner une ischémie d’aval s’il est laissé en place trop longtemps. De plus, s’il s’agit d’une hémorragie veineuse, et que le garrot est mal placé, le saignement s’en trouvera accru.
Défibrillateur
Un défibrillateur est un appareil qui délivre un « choc électrique » pour faire repartir un cœur en fibrillation ventriculaire (FV), principale cause de mort subite chez l’adulte.
Afin que tout le monde puisse faire fonctionner en urgence un défibrillateur, il a été créé des défibrillateurs automatiques externes (DAE), dont les premiers ont été mis en service en 1994. Les DAE utilisables par le grand public, les « défibrillateurs de rue » sont des machines simplifiées, appelées défibrillateur entièrement automatique (DEA) ou défibrillateur semi-automatique (DSA). Leur maniement est simple au point qu’ils peuvent utilisés sans formation, bien que celle-ci existe dans les cours de secourisme.
Le malaise vagal
Le malaise vagal est typiquement une circonstance qui va déclencher des mesures de premier soin qui sont à la portée du premier venu. C’est la cause de loin la plus fréquente de perte de connaissance brève.
Le malaise vagal, également appelé malaise vasovagal ou encore choc vagal, est un malaise que l’on peut attribuer à une activité excessive du système nerveux parasympathique (hypertonie vagale) ou à une baisse d'activité du système nerveux sympathique (hypotonie sympathique). Ce malaise est la conséquence d'un ralentissement de la fréquence cardiaque (bradycardie) associé à une chute de la pression artérielle (hypotension), aboutissant à une diminution de la vascularisation cérébrale, dénommée hypoperfusion cérébrale. Ce malaise peut s'exprimer par une perte de connaissance brève partielle, la lipothymie, ou totale, la syncope. Si c’est la bradycardie qui domine, il s’agit d’un malaise cardioplégique, et d’un malaise vasoplégique si c’est l’hypotension qui domine.
Un malaise vagal est toujours impressionnant, mais jamais grave. Tout au plus si le malaise arrive alors que la personne est debout, elle risque de se blesser en tombant.
Les mesures à prendre rapidement sont les suivantes : allonger la personne et lui surélever les pieds pour provoquer un afflux sanguin vers le cerveau (lutte contre l’hypoperfusion) ; la rassurer sur la bénignité de l’incident ; s’assurer qu’elle n’a pas trop chaud et lui donner à boire de l’eau sucrée. Les autres mesures relèvent des compétences médicales, comme l’injection d’atropine.
Le malaise vagal est particulièrement fréquent lors de la réalisation d’actes légers de chirurgie ou de dentisterie sous anesthésie locale, chez des patients anxieux, surtout s’ils sont à jeun.
Formation au secourisme
On aura compris que la connaissance de tous ces gestes de secourisme n’est pas innée, et qu’elle nécessite un apprentissage. L’idéal serait que tout le monde, et en premier lieu les étudiants en médecine, soit formé aux gestes de premier secours, par exemple à l’école, mais, en réalité, seules les personnes qui ont fait de leur propre initiative une formation de secourisme sont capables de réaliser correctement ces gestes. Ce qui ne doit pas dispenser les autres de les tenter en cas d’urgence absolue.
Il existe un grand nombre d’associations de secourisme, dont la plupart ont des modules de formation. La plus connue de ces associations est la Croix Rouge. Elle délivre aux bénévoles qui souhaitent devenir secouristes trois types de formation : les Premiers Secours en Équipe (PSE) de niveau 1, pour savoir agir seul ou en binôme ; de niveau 2 (PSE 2) pour devenir équipier secouriste ; le stade ultérieur est celui de chef d’intervention (CI), capable de manager une équipe de secouristes.
La personne ainsi formée peut à son tour devenir formatrice, avec là encore trois niveaux : initiateur de premier secours ; Brevet national de moniteur de premier secours ; Brevet national d’instructeur de secourisme. Ces deux brevets donnent droit à l’obtention d’un diplôme d’état.
Mais à côté des secouristes bénévoles il existe des spécialistes du secourisme, qui en font une activité quotidienne, les pompiers, catégorie professionnelle préférée des Français, même si la plupart des pompiers sont des volontaires.
Les pompiers
La mission principale des pompiers est de protéger les personnes, les biens et l'environnement. En France, la majorité des pompiers sont des bénévoles, mais il existe des pompiers professionnels, dont le nom exact est sapeur-pompier ou marin-pompier. Ce sont des fonctionnaires des collectivités territoriales (en règle générale les départements) affectés à la sécurité civile. Deux villes de France sont protégées par des pompiers militaires, Paris et Marseille (Brigade de sapeurs-pompiers de Paris et Bataillon de marins-pompiers de Marseille).
Les pompiers, qu’ils soient militaires ou civils, professionnels ou volontaires, sont organisés hiérarchiquement en grades selon le modèle militaire : hommes de rang, sous-officiers, officiers. J'ai pu constater que le personnel soignant des hôpitaux fournit un contingent précieux de pompiers volontaires.
Les pompiers sont équipés de véhicules spécialement équipés pour les soins de premier secours appelés VSAV, autrement dit véhicule de secours et d’assistance aux victimes, thème de cet article.
Y a-t-il un médecin dans la salle ?
Il arrive de temps en temps qu’une question de ce type soit posée dans une assemblée, lorsqu’un des participants présente un problème médical brutal, comme un malaise. Malheureusement, les gestes de secourisme ne sont pas enseignés pendant les études médicales, et bon nombre de médecins seraient bien incapables de répondre efficacement à ce type de sollicitation, et, par exemple, de faire correctement un massage cardiaque externe. Ceci est tout-à-fait regrettable. La bonne question à poser à la cantonade serait donc plutôt « Y a-t-il un secouriste dans la salle ? »
Dans le même esprit, les médecins sont rarement convoqués, dans les établissements de soins, aux séances de formation-incendie, alors qu’elle est obligatoire pour le personnel soignant. Or, en cas d’incendie, c’est au corps médical que l’on demandera de coordonner l’évacuation des patients. Paradoxe !
Article publié le 3 septembre 2018