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Infectiologie / Médecine tropicale / Parasitologie

L’infectiologie est la spécialité médicale qui prend en charge les maladies infectieuses, principale cause de mortalité dans l’histoire de l’humanité. Parmi celles-ci, certaines sont provoquées par des parasites, champ d’action de la parasitologie. La plupart des parasitoses sont des maladies exotiques, terrain de jeu de la médecine tropicale.


Un article de cette encyclopédie (Bactérie – Germe – Micro-organisme – Microbe – Parasite – Virus) traite abondamment des agents infectieux. Le présent article ne fait que le compléter, en abordant la question sous l’angle du médecin infectiologue.


Infectiologie

L’infectiologie est la discipline médicale qui prend en charge les maladies infectieuses et tropicales. Depuis 1984, elle est sanctionnée par un DESC (Diplôme d’études spécialisées complémentaires) de pathologie infectieuse clinique et biologique. L’infectiologie est une discipline dite « transversale », dans la mesure où les maladies infectieuses sont souvent des maladies d’organes, qui concernent différentes spécialités : la prise en charge des pneumonies intéresse l’infectiologue, mais au premier chef le pneumologue, celle des pyélonéphrites le néphrologue, celle des endocardites le cardiologue, et celle des hépatites l’hépatologue, etc. D’autres maladies infectieuses, comme le SIDA (ou Sida), sont au contraire des affections systémiques.

Parmi les nombreuses tâches qui incombent à l’infectiologue, citons : la prise en charge d’une fièvre au long cours, les vaccinations, les conseils aux voyageurs avant et après le voyage (par exemple la prévention du paludisme en zone d’endémie), les infections nosocomiales, le conseil en antibiothérapie pour un usage rationnel des agents anti-infectieux, l’organisation de conférences de consensus sur le bon usage des antibiotiques et la rédaction de protocoles d’antibiothérapie pour différentes situations pathologiques, etc. L’augmentation de fréquence des bactéries multirésistantes, les fameuses BMR, accroît le rôle des infectiologues à travers le conseil en antibiothérapie.

L’infectiologue est un clinicien, qui travaille en étroite collaboration avec les microbiologistes, dont le terrain de jeu est le laboratoire de biologie médicale, et qui peuvent être spécialisés en bactériologie, en mycologie (les champignons microscopiques), en parasitologie, en virologie, disciplines qui étudient les différentes variétés de micro-organismes.

Qu’est-ce qu’une maladie infectieuse ?

Comme aurait pu le dire M. de La Palisse, une maladie infectieuse est une maladie provoquée par un agent infectieux, autrement dit un micro-organisme, qu’on appelle également germe ou microbe. On renvoie ici à l’article cité précédemment.

Une maladie infectieuse peut être contagieuse (la grippe) ou non, épidémique (la grippe) ou sporadique, bénigne (la grippe le plus souvent, mais pas toujours) ou grave, voire mortelle. Les modes de contamination (autrement dit la façon dont on contracte la maladie) sont très variés. Les infections nosocomiales, dont on parle tant ces dernières années, sont contractées en établissement de soins (c’est la définition même de l’adjectif nosocomial).

Pour les maladies infectieuses potentiellement mortelles, on rappelle la différence entre mortalité (le nombre de personnes décédées de cette maladie dans une population donnée) et létalité (le nombre de personnes décédées parmi celles qui sont atteintes de la maladie). Par exemple, le taux de létalité de l’infection par le virus Ebola est très élevé (la plupart des patients atteints décèdent), mais le taux de mortalité est très faible (la maladie est extrêmement rare). Un exemple du contraire est représenté par la grippe : c’est une maladie dont peu de gens atteints meurent habituellement, mais, compte tenu du grand nombre de personnes atteintes, la mortalité peut parfois être très élevée. On rappelle ainsi que l’épidémie de grippe espagnole de 1918-1919 a fait plus de morts que la guerre de 14-18 (environ 20 millions de morts pour 1 milliard de personnes infectées).

Certaines maladies infectieuses sont restées dans les mémoires par les ravages qu’elles ont causés : la variole, la plus grande tueuse en série de l’histoire de l’humanité, totalement éradiquée par la vaccination au début des années 80, la peste (mais, au Moyen Âge, toutes les grandes épidémies étaient qualifiées de peste), la lèpre (et les fameux lépreux), la tuberculose et la syphilis  au XIXème siècle (mais elle refont leur apparition au XXIème siècle), le SIDA et les IST (infections sexuellement transmises) au XXème siècle, etc. La maladie infectieuse qui fait actuellement le plus de ravages dans le monde est le paludisme (ou malaria), que l’on n’arrive pas à éradiquer probablement faute de moyens financiers mis en œuvre, ce qui s’explique certainement par le fait que cette maladie n’est endémique que dans les pays pauvres, et pratiquement inexistante dans les pays les plus riches, les États-Unis et l’Europe.

Les principaux moyens de lutter contre les maladies infectieuses sont de trois ordres : l’hygiène, et notamment le traitement des eaux usées (quand il devient défaillant comme après une catastrophe naturelle, on voit ressurgir le choléra), la vaccination, notamment pour les maladies virales (les viroses), et les antibiotiques, uniquement pour les maladies bactériennes. Mais, comme on le sait, de plus en plus de bactéries développent des résistances aux antibiotiques.

Parasitologie

La parasitologie, discipline clinique et biologique, étudie les maladies humaines provoquées directement ou indirectement par les parasites, et que l’on appelle des parasitoses. Pour cela, elle doit comprendre comment fonctionne la relation, parfois simple, mais parfois très complexe, entre le parasite pathogène et l’être humain atteint. Et il n’est pas inutile de signaler que si, en Europe, on connaît mal l’impact des parasitoses, elles affectent entre 60 et 80% de la population mondiale.

En premier lieu, on distingue des parasites facultatifs et des parasites obligatoires, qui sont les vrais parasites dans la mesure où ils ne peuvent vivre qu’en étant liés à un hôte. On distingue aussi des ectoparasites, qui colonisent le revêtement cutané, comme le pou de tête, et des endoparasites, qui vivent au sein de l’organisme de l’hôte, en entretenant une relation hôte-parasite qui fait intervenir la notion essentielle de cycle parasitaire, destiné à assurer la pérennité de l’espèce parasitaire. Pour ce faire, le parasite doit rencontrer son hôte, éviter que celui-ci ne réagisse à son contact, sortir de son hôte pour en trouver un autre, etc. On décrit des cycles directs et des cycles indirects. Dans le premier cas, le parasite passe directement d’un humain infecté à un humain sain, qui devient infecté. Dans le second, il existe deux, trois ou quatre hôtes intermédiaires. Dans les cycles directs, on distingue des cycles courts, dans lesquels le parasite est immédiatement infestant (c’est le cas de l’amibiase), et des cycles longs, dans lesquels le parasite subit une maturation dans le milieu extérieur (passage par le stade de larve).

L’infestation d’un nouvel hôte humain se fait de différentes manières : soit passivement, par contact direct d’hôte parasité à hôte sain (sarcopte de la gale), soit activement, selon deux modalités : directe, et c’est le parasite qui est capable, à un stade quelconque de son développement, de pénétrer l’hôte, soit indirecte, par l’intermédiaire de la piqûre d’un hôte intermédiaire appelé vecteur (c’est le cas du paludisme, transmis par la piqûre d’un moustique, l’anophèle femelle).

L’hôte va réagir à la présence du parasite de plusieurs façons : réactions locales, comme la présence de granulomes, de sclérose, de fibrose, et réactions générales, comme l’hyperéosinophilie et la production d’anticorps spécifiques, qui aident au diagnostic.

Bien qu’a priori l’intérêt du parasite soit de préserver son hôte pour que lui-même reste en vie, en réalité l’hôte vit souvent mal la présence du parasite, jusqu’au point de parfois en mourir.

Les parasitoses posent trois types de problèmes : diagnostiques, thérapeutiques et prophylactiques.

  • Diagnostic : chaque fois que c’est possible, un diagnostic de certitude sera établi par la découverte du parasite ou de ses produits identifiables dans les liquides biologiques comme le sang, l’urine, les selles, le LCR, etc.,   ou sur des biopsies. Une forte présomption peut être établie par des méthodes immunologiques (sérologie) qui se sont beaucoup développées.
  • Thérapeutique : d’une manière générale, le traitement des parasitoses est difficile, car on dispose de peu de médicaments, et que ceux-ci sont d’un maniement difficile, la marge étant faible, pour la plupart d’entre eux, entre la dose efficace et la dose toxique.
  • Prophylaxie : la prophylaxie des parasitoses est un enjeu majeur de santé publique mondiale, mais, malheureusement, les crédits alloués sont insuffisants pour régler ce problème, notamment pour le paludisme, principal fléau sanitaire dans les pays chauds.

Médecine tropicale

La médecine tropicale est, comme son nom l’indique, la discipline médicale qui s’occupe des maladies typiques des pays situés en zone tropicale. Comme la plupart de ces maladies sont infectieuses, et le plus souvent des parasitoses, la médecine tropicale est exercée par les infectiologues et les parasitologues. Avec la généralisation du tourisme mondial, ce sont les habitants du monde entier qui peuvent être confrontés aux maladies tropicales, dès lors qu’ils voyagent en zone d’endémie ou d’épidémie.

En raison de son ancien empire colonial, la France a été pionnière en matière de médecine tropicale, notamment grâce à Charles-Louis-Alphonse Laveran, médecin militaire fondateur en 1907 de la Société de Pathologie Exotique, et récipiendaire la même année du Prix Nobel de physiologie ou de médecine pour ses travaux sur les protozoaires et le paludisme. Il a créé à l’Institut Pasteur un laboratoire des maladies tropicales.

Les principales maladies tropicales infectieuses sont le paludisme, le Sida, la tuberculose, la fièvre jaune, la trypanosomiase (maladie du sommeil), l’hépatite virale B (HVB), sans oublier les virus émergents comme certains virus grippaux, notamment le tristement célèbre H5N1.

Mais il existe des maladies tropicales non infectieuses, notamment des carences alimentaires spécifiques des pays pauvres.

Pour conclure, on n’oubliera pas le rôle essentiel joué par certaines ONG humanitaires dans la prise en charge de ces maladies tropicales : Croix Rouge, Médecins sans frontières, etc., qui ont pris le relais de l’action humanitaire de personnalités exceptionnelles comme Albert Schweitzer.

Article publié le 16 avril 2018

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