Le terme phanères désigne les cheveux, les ongles et les poils. Leur point commun est leur richesse en kératine.
Les phanères font partie du tégument, et à ce titre leurs maladies relèvent essentiellement de la dermatologie.
Tégument et phanères
Tégument est un terme d’anatomie, qui désigne l’ensemble des formations organiques constitutives du revêtement externe du corps humain, à savoir la peau (revêtement cutané) et les phanères, autrement dit les cheveux, les poils et les ongles.
Phanère est un mot masculin utilisé en général au pluriel, qui vient du grec phaneros, apparent. Et d’ailleurs les phanères humains ont plus un rôle de parure (la chevelure) qu’une véritable fonction comme c’est le cas chez les animaux (par exemple les plumes des oiseaux ou les griffes des félins).
L’adjectif dérivé de tégument est tégumentaire (infiltration tégumentaire), et celui de phanères est phanérien (syndrome cutanéo-phanérien).
Kératine et kératose
Les phanères sont constitués en grande partie d’une protéine fibreuse, la kératine, produite par des cellules spécialisées de la peau, les kératinocytes. Dans certaines circonstances pathologiques, cette kératine peut se développer au niveau de la peau, formant une callosité ; on dit alors que l’épiderme est kératinisé, voire hyperkératinisé quand le processus est important.
La kératose, également appelée kératodermie, est un état pathologique aboutissant à une hypertrophie des couches cornées de l’épiderme. Il en est décrit plusieurs formes, en particulier la kératose séborrhéique, bénigne, ou la kératose actinique (provoquée par l’exposition solaire), qui est un état précancéreux.
Les pellicules que l’on observe parfois dans les cheveux sont des fragments de kératine.
La molécule de kératine est très utilisée en cosmétologie, notamment dans différents shampooings, transition parfaite pour le paragraphe suivant.
Cheveux et chevelure
Le cheveu fait partie de la pilosité. C’est donc une variété particulière de poil. L’ensemble des cheveux forme la chevelure, localisée au niveau de certaines parties de la tête. La peau du crâne qui porte les cheveux est dénommée cuir chevelu, même en cas de calvitie.
Le cheveu est constitué de deux parties : la racine, partie vivante, non visible, et la tige capillaire, partie morte, apparente, composé elle-même de trois couches, la cuticule, le cortex et la médulla (la moelle). La racine est implantée dans une cavité appelée follicule, dont la forme est une caractéristique génétique qui détermine le type de cheveu (rond et lisse, plat et frisé, crépu…). La couleur des cheveux est également une caractéristique génétique. Comme chacun le sait, la couleur de la chevelure évolue avec l’âge vers le gris (cheveux « poivre et sel ») puis vers le blanc. L’âge d’apparition des cheveux blancs est éminemment variable d’un individu à l’autre.
Une glande sébacée est annexée à chaque cheveu (poil) pour former un follicule pilosébacé.
Les cheveux ne poussent pas par la pointe, mais par la racine. La pousse des cheveux se fait en trois étapes : la phase anagène, de croissance, la phase catagène, de régression, puis la phase télogène, de repos, après laquelle le cheveu mort tombe, pour être remplacé rapidement par un autre.
Nous perdons en moyenne de 5 à 100 cheveux par jour, au-delà, il y a un problème de chute des cheveux, alopécie ou calvitie.
Alopécie et calvitie
La chute des cheveux peut avoir deux types de causes : génétiques, permanentes, et non génétiques, en règle temporaires. La calvitie désigne l’absence acquise et physiologique de cheveux au niveau de certaines zones du cuir chevelu, comme le sommet du crâne. Les chauves se recrutent essentiellement chez les hommes.
L’alopécie désigne l’accélération de la chute des cheveux et des poils. La calvitie est la forme la plus habituelle de l’alopécie : alopécie androgénétique héréditaire, à laquelle sont associées d’autres manifestations d’hyperandrogénie, comme les « golfes frontaux » et une pilosité très développée.
Certaines alopécies sont de nature pathologique, comme celles qui sont provoquées par une chimiothérapie (alopécie aiguë), ou de nature organique comme l’effluvium télogène (calvitie diffuse).
L’adjectif alopécique désigne tout ce qui concerne l’alopécie. L’adjectif associé à la calvitie est tout simplement chauve. Un homme glabre est quelqu’un qui ne porte ni barbe ni moustache.
Greffe de cheveux
La greffe de cheveux est la plus répandue des interventions de chirurgie esthétique chez l’homme souffrant notamment d’alopécie androgénique, bien qu’elle puisse aussi trouver des indications chez la femme. Elle date des années 1950, et a été initiée au Japon et aux Etats-Unis.
La technique des implants de cheveux autologues consiste à redistribuer les propres cheveux du patient au bénéfice des zones qui en manquent. Les cheveux sont prélevés au niveau de la zone occipitale, non sensible à l’action de la testostérone. Ils ne tomberont donc pas après la greffe.
Le gold standard est la technique de micro-transplantation d’unités folliculaires comportant de un à quatre follicules.
Poils et pilosité
En théorie, la pilosité désigne l’ensemble des poils et des cheveux. En pratique, il est d’usage de restreindre l’usage de ce terme aux seuls poils. Les cils et les sourcils font partie des poils.
L’être humain, quel que soit son sexe et son âge, a un capital de 5 millions de follicules pileux, dont 1 sur la tête, le reste disséminé de façon variable sur l’ensemble du corps, à l’exception des zones suivantes : paumes des mains, plantes des pieds, ombilic, mamelons dans les deux sexes ; le gland et la face interne du prépuce chez l’homme, le clitoris, les petites lèvres et la face interne des grandes lèvres chez la femme.
La longueur des poils est variable selon les zones : plus de 2 cm pour un poil terminal, moins de 2 cm pour un poil intermédiaire, et moins de 5 mm pour un poil fin, également appelé duvet, que l’on rencontre en règle générale plutôt chez la femme. Les poils axillaires et les poils pubiens (poils terminaux), ainsi que la pilosité du visage (barbe et moustache), sont des caractères sexuels secondaires (cf. infra).
Le mot grec qui désigne les poils est trix, trichos au pluriel. Cette étymologie est à l’œuvre dans des termes comme l’hypertrichose, pilosité excessive symptomatique d’un dérèglement hormonal, ou la trichotillomanie (trichomanie), arrachage compulsif des poils et des cheveux, qui est un trouble psychologique sévère, de même que la trichophagie, qui est la sale manie de manger ses cheveux.
L’hirsutisme désigne l’apparition, chez la femme, d’une pilosité de type masculin dans des zones normalement glabres, comme le visage ou le thorax. L’hirsutisme est provoqué soit par une hyperandrogénie, soit par une sensibilité accrue des follicules pileux aux androgènes. Certaines maladies endocriniennes (syndrome de Cushing) ou ovariennes (tumeurs de l’ovaire) peuvent s’accompagner d’un hirsutisme.
Le lanugo est le duvet très fin qui couvre le corps du fœtus. Un lanugo peut apparaître chez les sujets anorexiques, lié à la carence œstrogénique.
On peut trouver des cheveux et des poils dans une variété particulière de kyste ovarien, le tératome mature (ex kyste dermoïde).
Le sinus pilonidal, également appelé kyste sacro-coccygien, est un kyste sous-cutané du sillon interfessier contenant des poils.
Pour terminer ce paragraphe, une petite précision sémantique : le fait de se débarrasser des poils avant une intervention s’appelle une dépilation. Sinon, il s’agit d’une épilation, qui peut être définitive avec certaines techniques (épilation électrique ou au laser).
Caractères sexuels secondaires et pilosité
Un caractère sexuel secondaire est un trait physique qui est différent chez l’homme et la femme, mais qui n’a pas d’implication dans la reproduction, contrairement aux caractères sexuels primaires. En ce qui concerne la pilosité, les caractères sexuels secondaires apparaissent à la puberté, période qui voit pousser les pilosités axillaire et pubienne (triangulaire chez la femme, losangique chez l’homme), la pilosité corporelle, nettement plus fournie chez l’homme, et la pilosité faciale, barbe et moustache, apanage du sexe masculin. La pousse des cheveux est plus rapide chez la femme.
Annexes cutanées
Les annexes cutanées sont au nombre de trois : l’appareil unguéal, qui sera étudié dans le paragraphe suivant, l’appareil pilo-sébacé et l’appareil sudoripare eccrine. Le follicule pileux, détaillé plus haut, est équipé de trois annexes : le muscle pilomoteur, qui permet le redressement du poil, phénomène appelé horripilation (la « chair de poule ») ; la glande sébacée, qui fabrique le sébum, qu’elle excrète par un canal qui communique avec le follicule ; et la glande sudoripare apocrine qui n’existe que dans certaines zones cutanées.
Les glandes sudoripares, ou sudorales, sont des glandes exocrines, c’est-à-dire que leur produit de sécrétion est évacué vers l’extérieur (dans le sang pour les glandes endocrines). Elles fabriquent la sueur, et, pour certaines d’entre elles, des phéromones. Elles sont de deux types : les glandes eccrines, de loin les plus nombreuses, qui prédominent à la paume des mains et à la plante des pieds, zones dépourvues de poils, et les glandes apocrines, en fait faussement apocrines, en réalité mérocrines, qui sont annexées aux poils de certaines zones, notamment les aisselles. Elles sont responsables, de par les bactéries qui les colonisent, de la tristement célèbre « odeur de transpiration ».
L’appareil unguéal : ongles des mains et des pieds
Chaque doigt et chaque orteil possède un ongle, ou appareil unguéal. La pousse de l’ongle est assurée par la matrice unguéale, qui se trouve à la base de l’ongle, et produit la kératine. Une blessure de la matrice peut avoir des conséquences sur la pousse de l’ongle.
L’ongle repose sur le lit de l’ongle, qui comporte à sa base une zone particulière de couleur plus claire que le reste de l’ongle, la lunule.
La peau péri-unguéale présente des zones particulières : l’éponychium ou cuticule, qui est la petite peau qui recouvre la matrice ; l’hyponychium, qui se trouve sous l’extrémité distale de l’ongle ; et le paronychium, qui est la zone cutanée située de chaque côté de l’ongle. Quand cette zone est enflammée, du fait d’un ongle incarné par exemple, cela donne une paronychie.
Dans la langue grecque, l’ongle se dit onyx. En français, l’onyx est une variété d’agate, autrement dit une pierre semi précieuse. Dans la terminologie médicale, on n’emploie pas le terme onyx en tant que tel pour désigner l’ongle, mais comme racine pour des termes en rapport avec les ongles : onycectomie pour l’ablation de l’appareil unguéal, onychophagie, l'habitude de se ronger les ongles, onychomycose pour la mycose unguéale (avec, en prime, un « h » après le « c », le tout se prononçant comme un « k »).
Phanères et santé
L’état des phanères reflète globalement l’état de santé d’un individu.
Les phanères concentrent certains toxiques comme le plomb, l’arsenic ou le mercure. Ils sont également le reflet de la contamination, même ancienne, par certains produits comme les stupéfiants.
La trichologie (analyse toxicologique des cheveux) est très utilisée dans la lutte antidopage et la détection des toxicomanies, ainsi qu’en médecine légale.
Il existe un certain nombre de maladies des phanères, certaines très fréquentes, d’autres pas toujours bien connues du grand public. En voici un petit catalogue.
Maladies des cheveux
La pédiculose du cuir chevelu est une parasitose très fréquente chez les enfants, très contagieuse. Elle est due au pou de tête, particulièrement redouté des mères de famille. La pelade est une perte de pilosité en plaques, qui touche essentiellement le cuir chevelu : alopécie en plaques. Sa cause n’est pas connue. La teigne est une mycose du cuir chevelu, due à des champignons microscopiques appelés dermatophytes. C’est donc une dermatophytose.
Enfin tout le monde connaît les « pellicules » du cuir chevelu, qui sont des cellules superficielles desquamées. Elles peuvent être sèches ou grasses.
Maladies des poils et des annexes cutanées
La pédiculose pubienne (les fameux « morpions ») est provoquée par le pou du pubis, Phtirius pubis, raison pour laquelle on l’appelle également phtiriase.
Chaque follicule pilosébacé peut être le siège d’une inflammation, la folliculite, qui se présente sous la forme d’une papulo-pustule centrée par un poil. Au niveau de la pilosité du visage, on décrit le sycosis de la barbe. Il existe une pseudo-folliculite non infectieuse, due à l’incarnation d’un poil, notamment de la barbe, le pili incarnati.
Chaque glande sébacée est capable de provoquer l’apparition d’un kyste sébacé, qui s’explique par la rétention de sébum dans une glande dont le canal excréteur s’est bouché. Cela commence par un comédon (un « point noir » ou un « ver de peau »), et se termine souvent par un abcès. Les patients l’appellent en général « kyste graisseux », qui n’existe pas : une tuméfaction sous-cutanée a toutes les chances d’être soit un kyste sébacé, soit un lipome, tumeur bénigne graisseuse.
L’hidrosadénite est une inflammation des glandes sudoripares apocrines, que l’on rencontre notamment au niveau des aisselles. On notera l’orthographe particulière, car on attendrait « hydrosadénite mais le « i » s’explique par l’étymologie grecque hidros, la sueur. L’hidrosadénite (ou hidradénite) peut s’inscrire dans le cadres de la maladie de Verneuil.
Maladies des ongles
La plus fréquente des affections de l’appareil unguéal est l’ongle incarné, avec son corollaire, la paronychie (inflammation du paronychium). L’ongle incarné est spécifique du gros orteil (l’hallux). On ne le confondra pas avec l’ongle en tuile. Les ongles, surtout ceux des pieds, sont fréquemment le siège d’une infection mycosique, l’onychomycose. Il existe des mélanomes unguéaux (un mélanome est une tumeur maligne mélanocytaire). En cas de traumatisme (coup de marteau par exemple), on peut assister à la constitution d’un hématome sous-unguéal.
Et pour terminer ce florilège, rappelons qu’il existe des individus allergiques aux poils de certains animaux, notamment les chats.
Article publié le 14 novembre 2016