L’adjectif « conjonctif » est en règle générale associé au substantif « tissu », pour former le « tissu conjonctif ». Le terme « conjonctive » n’est pas ici le féminin de conjonctif ; c’est un substantif, qui désigne une partie de l’œil.
Le sens premier de l’adjectif conjonctif est le suivant : qui sert à joindre ou à lier. Dans cette acception, il est utilisé en grammaire, tout comme le substantif conjonction. En médecine, le sens est assez différent.
Tissu conjonctif
Les tissus conjonctifs (on dit parfois simplement « le conjonctif ») sont caractérisés par une matrice extracellulaire qui sépare les différentes cellules. A l’inverse, dans les épithéliums, comme celui de la peau, les cellules sont jointives.
Les tissus conjonctifs constituent la plus grande part de notre masse corporelle (les deux tiers exactement). L’origine embryologique du conjonctif est mésodermique.
Les tissus conjonctifs remplissent de nombreuses fonctions : croissance, nutrition, réparation tissulaire, réponse immunitaire, soutien, stockage, etc.
Les tissus conjonctifs sont constitués par l’association, en proportions variées, de trois éléments : les cellules, les substances fondamentales et les fibres.
Les éléments cellulaires se partagent en cellules « résidentes » et cellules « en transit ».
Parmi les cellules résidentes, les fibroblastes jouent un rôle prépondérant puisqu’ils synthétisent les autres constituants du conjonctif. Quand ils sont au repos, ils deviennent des fibrocytes. Certains fibroblastes ont des propriétés contractiles : les myofibroblastes.
D’autres cellules importantes sont les adipocytes, cellules de la graisse blanche et de la graisse brune.
Les cellules en transit appartiennent essentiellement au système immunitaire. Ce sont : les granulocytes (globules blancs, autrefois appelés polynucléaires) ; les histiocytes et les macrophages, responsables de la phagocytose (destruction des micro-organismes) ; les mastocytes, impliqués dans l’inflammation ; enfin, les plasmocytes, qui sécrètent les immunoglobulines (ou anticorps).
Les fibroblastes sécrètent des constituants de la substance fondamentale, qui sont des protéines associées à des chaînes glucidiques, les protéoglycanes, dont le plus connu du grand public est l’acide hyaluronique, très utilisé en cosmétologie. On y trouve également des protéines et des protéases (enzymes qui détruisent les protéines). Ces substances fondamentales permettent, entre autres fonctions, de stocker des molécules d’eau.
Dernier élément constitutif du conjonctif, les fibres, qui sont de trois types : le collagène, inélastique et offrant une grande résistance ; la réticuline, inextensible et souple, enfin l’élastine, souple et extensible. Grâce à ces fibres, le conjonctif est à la fois souple, élastique et très résistant. En volume, c’est le collagène qui est le principal constituant du tissu conjonctif. On devrait en fait dire les collagènes, tant sont nombreuses les variétés de collagène.
Principaux tissus conjonctifs
Ces tissus sont les mésenchymes, l’os et le cartilage (riches en collagène), enfin le sang, qui est un tissu conjonctif liquide.
Le mésenchyme est un tissu de soutien embryonnaire, dont dérivent les muscles, les vaisseaux, l’os et le cartilage.
Par confusion avec le stroma, on oppose souvent le mésenchyme au parenchyme, qui est constitué par les tissus fonctionnels d’un organe (parenchyme hépatique par exemple).
Le mésenchyme peut se présenter sous la forme d’une membrane appelée mésothélium. L’association de ce mésothélium à un tissu conjonctif sous-jacent définit une séreuse.
Une tumeur maligne d’une séreuse est un mésothéliome. Ce sont des tumeurs rares, la moins rare étant le mésothéliome pleural induit par l’exposition chronique à l’amiante (asbestose).
Maladies du tissu conjonctif
Les maladies du tissu conjonctif sont des connectivites, qui appartiennent au vaste groupe des maladies dites de systèm». Le terme de connectivite vient de la traduction anglaise de l’adjectif conjonctif : connective (le tissu conjonctif devient, en anglais, connective tissue). Comme le tissu conjonctif est riche en collagène, on parle également parfois de collagénoses.
Parmi les connectivites les plus connues et les plus fréquentes, on peut citer le lupus érythémateux disséminé, le syndrome de Sjögren, ou encore la sclérodermie.
L’étude et la prise en charge de ces maladies qui touchent en même temps plusieurs organes est du ressort de l’interniste, spécialiste en médecine interne. L’autre champ d’action de la médecine interne est représenté par les maladies auto-immunes.
Pour simplifier, un interniste est, en quelque sorte, un super-généraliste, ou un spécialiste polyvalent, au choix, connaissant bien plusieurs spécialités (dermatologie, rhumatologie, etc.).
Conjonctive et conjonctivite
La conjonctive est une membrane transparente qui tapisse l’intérieur des paupières et la partie du globe oculaire (l’œil) que l’on appelle la sclère (le blanc de l’œil). En revanche, elle ne recouvre pas la cornée (partie transparente du globe oculaire, qui transmet la lumière au cristallin).
Les cellules de la conjonctive élaborent un mucus qui entre dans la composition du liquide lacrymal, qui aide à la lubrification de l’œil.
En cas d’ictère (la jaunisse), le blanc des yeux devient jaune ; on parle alors d’ictère conjonctival, qui est souvent la manifestation la plus visible d’un ictère cutanéo-muqueux quand il est discret (subictère).
Quand la conjonctive est le siège d’une inflammation, cela donne une conjonctivite, qui se traduit par un œil rouge. En revanche, l’inflammation de la cornée est une kératite, toujours très douloureuse ; l’inflammation de l’uvée est une uvéite (l’uvée est la partie intermédiaire pigmentaire de l’œil, qui comprend la choroïde, le corps ciliaire et l’iris).
Article publié le 10 août 2015