En médecine, faire (ou donner, ou prodiguer) un soin à un patient est un acte effectué par un soignant. Il s’agit de soigner une personne qui souffre. Mais il existe toutes sortes de soins, et toutes sortes de soignants. Le soignant donne un soin (comme l’anesthésiste « donne » l’anesthésie), mais ne le vend pas, même s’il n’est pas gratuit.
Le soin s’applique en général à une tierce personne, notamment si elle est malade. Mais il peut aussi s’appliquer à soi-même, comme dans cette expression d’origine anglo-saxonne et de plus en plus utilisée chez nous, « prends soin de toi » (ou « prenez soin de vous »), ce qui est une manière assez nouvelle de prendre congé de quelqu’un avec qui l’on vient de passer un moment. Cette expression n’a pas plus de signification réelle que le traditionnel « comment vas-tu ? » (ou « comment allez-vous ? ») qui accompagne souvent le bonjour. Les formules rituelles de la civilité ont donc partie liée avec la santé.
Le soin s’applique en général à une tierce personne, notamment si elle est malade. Mais il peut aussi s’appliquer à soi-même, comme dans cette expression d’origine anglo-saxonne et de plus en plus utilisée chez nous, « prends soin de toi » (ou « prenez soin de vous »), ce qui est une manière assez nouvelle de prendre congé de quelqu’un avec qui l’on vient de passer un moment. Cette expression n’a pas plus de signification réelle que le traditionnel « comment vas-tu ? » (ou « comment allez-vous ? ») qui accompagne souvent le bonjour. Les formules rituelles de la civilité ont donc partie liée avec la santé.
Soignant
Soignant est le participe présent du verbe soigner. On peut l’utiliser comme substantif (un soignant, une soignante), ou comme adjectif (personnel soignant). Soigner des patients est le quotidien des médecins et d’un grand nombre d’auxiliaires médicaux. Soigner leur est une obligation déontologique, guérir un objectif qu’ils se fixent sans aucune certitude de l’atteindre. C’est la différence entre l’obligation de moyens (soigner dans les règles de l’art) et l’obligation de résultat, à laquelle les soignants ne sont nullement assujettis. Par convention tacite, les médecins ne sont pas des soignants, quand bien même leur quotidien est de soigner leurs patients du mieux possible. Tous les soignants doivent être titulaires d’un diplôme leur permettant d’exercer leur activité professionnelle.
Personnel médical et personnel soignant
Soigner des patients est donc l’apanage des médecins et des paramédicaux. Dans les établissement de santé, on différencie nettement, en particulier sur le plan statutaire, le personnel médical, composé de tous ceux qui ont droit au titre de docteur, et le personnel soignant, seul habilité, avec les médecins, à prodiguer des soins aux patients, à savoir essentiellement le personnel infirmier et aide-soignant. Pour exercer comme soignant, il est obligatoire d’être titulaire du diplôme correspondant.
Établissement de santé et établissement de soins
Les médecins et les soignants exercent leur métier soit « dans le privé », soit « dans le public », notamment à l’hôpital. Certains travaillent dans un cabinet (médical ou d’IDE), d’autres dans un établissement de santé ou de soins (les deux expressions ont la même signification), à savoir une clinique privée ou un hôpital public.
Soins dentaires
Les soins dentaires sont tous ceux qui sont assurés par les chirurgiens-dentistes et leurs auxiliaires. Ils sont détaillés dans deux articles de cette encyclopédie : Santé bucco-dentaire et Hygiène bucco-dentaire.
Soins médicaux et soins paramédicaux
Bien que la fonction première des médecins soit de soigner leurs semblables, on parle rarement de soin pour les traitements prescrits et appliqués par le corps médical. Les expressions employées appartiennent plutôt au registre sémantique de la thérapeutique, terme qui désigne en principe l’art de prescrire des médicaments : traitement médicamenteux, cure (de vitamines ou de chimiothérapie, ou de tout autre chose), séance (de radiothérapie entre autres). Cette liste n’est pas exhaustive. En revanche, l’essentiel du travail d’un paramédical consiste à prodiguer des soins : c’est un « soignant ».
Besoins fondamentaux et soins fondamentaux
Virginia Henderson (1897 – 1996) est une infirmière, enseignante et chercheuse américaine, qui a élaboré, en 1947, le concept des « quatorze besoins fondamentaux », utilisé en soins infirmiers, notamment pour définir la dépendance. La satisfaction de ces besoins fondamentaux (l’alimentation, pour n’en citer qu’un), qui représente les « soins fondamentaux » (l’aide à l’alimentation, dans l’exemple choisi), est le cœur de métier de la pratique infirmière et aide-soignante, ce que l’on appelle le « rôle propre » infirmier et aide-soignant.
Rôle propre infirmier
Pendant des décennies, l’infirmier (qui était le plus souvent une infirmière), était considéré comme un auxiliaire du médecin, lequel lui déléguait un certain nombre d’actes techniques, comme les injections ou les prises de sang. L’article L 473 du Code de la Santé Publique, dans le cadre de la loi du 8 avril 1946, dit ceci : « Est considéré comme exerçant la profession d'infirmier ou d'infirmière toute personne qui donne habituellement, soit à domicile, soit dans les services publics ou privés d'hospitalisation ou de consultation, des soins prescrits ou conseillés par le médecin ». La loi du 31 mai 1978 modifie cet article L 473, et institue le « rôle propre » de l’infirmier. Depuis cette date, l’activité infirmière résulte de la conjonction de deux rôles : le « rôle prescrit », généré par la prescription médicale, et le « rôle propre », qui reconnaît l’autonomie, la capacité de jugement et d’initiative de l’infirmier, qui assume la responsabilité des actes effectués dans ce cadre. L’article L 473 modifié dit ceci : « Est considéré comme exerçant la profession d'infirmier ou d'infirmière toute personne qui, en fonction des diplômes qui l'y habilitent, donne habituellement des soins infirmiers sur prescription ou conseil médical, ou bien en application du rôle propre qui lui est dévolu. » Le 12 mai 1981, le premier décret d’application de la loi du 31 mai 1978 précise la fonction infirmière, et notamment le rôle propre : « relèvent du rôle propre de l'infirmière les soins infirmiers liés aux fonctions d'entretien et de continuité de la vie et visent à compenser partiellement ou totalement un manque ou une diminution d'autonomie d'une personne ou d'un groupe de personnes. » Des décrets ultérieurs ont trait à la recherche en soins infirmiers et à l’élaboration et à la gestion du dossier de soins infirmiers, dans le cadre du rôle propre de la profession infirmière.
Aide-soignant(e) (AS)
Un(e) aide-soignant(e) est un professionnel de santé, et le métier d’AS appartient aux professions paramédicales. Comme le nom de sa fonction l’indique, l’aide-soignant travaille en étroite collaboration avec l’infirmier, sous la responsabilité de celui-ci. Pour exercer la profession d’AS, l’obtention d’un diplôme d’état (DEAS) est obligatoire. Ce diplôme est décerné par les instituts de formation agréés (IFAS), à l’issue d’un parcours de dix mois auquel l’étudiant accède soit en formation initiale, soit dans le cadre de la validation des acquis de l’expérience (VAE). Un AS peut accéder ultérieurement à la formation d’infirmier, pour tenter d’obtenir le diplôme d’infirmier (IDE).
Les auxiliaires de puériculture (AP) et les aides médico-psychologiques font partie du même corps de métier que les AS, titulaires d’un diplôme sanitaire de niveau V. Par comparaison, le diplôme d’état d’infirmier est de niveau II (sauf celui d’infirmier-anesthésiste, IADE, qui est de niveau I), et celui de docteur en médecine, en pharmacie ou en chirurgie dentaire, de niveau I.
De même qu’il existe un rôle propre de l’infirmier, que nous venons de détailler, il existe un rôle propre de l’aide-soignant, qui est de prodiguer des soins d'hygiène, de confort et de sécurité aux patients. Il les aide à faire leur toilette, à s'habiller, à s’alimenter, à effectuer des soins spécifiques, notamment avant une opération. L’AS assure souvent un rôle de soutien psychologique des patients. C’est tellement vrai qu’une enquête a montré que les soignants les plus impactés par le burn-out sont les aides-soignants. L’AS s’est vu autoriser, par décret du 11 février 2002, la distribution des médicaments dans les EHPAD.
On veillera à ne pas confondre l’aide-soignant (AS) avec l’agent de service hospitalier (ASH), ce dernier n’étant pas habilité à prodiguer des soins.
Soins intensifs
Les soins intensifs (et non pas intempestifs !) sont destinés à suppléer la défaillance aigüe d’un système ou d’une fonction. Ils sont prodigués dans des unités de soins intensifs (USI), dédiées à une spécialité donnée : soins intensifs en cardiologie (USIC), en chirurgie cardiaque, en gastro-entérologie, en néonatalogie, en neurologie, etc.
Une USI est l’échelon intermédiaire entre l’unité de surveillance continue (USC) et le service de réanimation, niveau le plus élevé. En pratique, il n’est pas rare que l’on emploie indifféremment les trois expressions que sont la surveillance continue, les soins intensifs et la réanimation, et que l’on dise « les soins » même s’il s’agit d’une simple USC, ou « la réa » pour une USI.
Dans d’autres systèmes de santé que le nôtre, les soins intensifs sont appelés « soins critiques ».
Soins palliatifs et soins de confort
Les soins palliatifs, ou soins de confort, répondent à la définition suivante, donnée par le ministère de la santé : « les soins palliatifs sont des soins actifs et continus pratiqués par une équipe multidisciplinaire, en collaboration avec des bénévoles d’accompagnement, en institution ou à domicile. Ils visent à soulager la douleur, à apaiser la souffrance psychique, à sauvegarder la dignité de la personne malade et à soutenir son entourage. Ils ont pour but de préserver la meilleure qualité de vie possible jusqu’à la mort ».
Les soins palliatifs peuvent être prodigués au domicile du patient ou en milieu hospitalier, avec deux options : soit en Unité de Soins palliatifs (USP), soit par des Équipes mobiles de soins palliatifs (EMSP) qui se déplacent au lit d’un patient hospitalisé dans une structure conventionnelle.
À domicile, il existe deux types de dispositifs pour cette prise en charge : l’Hospitalisation à Domicile (HAD), et les réseaux de soins palliatifs.
Les soins palliatifs sont souvent corrélés à la fin de vie, mais ils ne concernent pas que la phase dite terminale. Ils peuvent en effet être prodigués dès lors que le patient n’est plus en situation curative, et que son état le réclame, ne serait-ce que pour soulager sa douleur. Le soulagement de la douleur est en effet considéré comme un soin, et non comme un traitement.
Il faut préciser que, lorsque l’équipe médicale en charge d’un patient pour lequel on ne peut plus rien faire de curatif, propose une LAT (Limitation et Arrêt des Traitements), ce sont les traitements et non pas les soins qui sont arrêtés. Dans l’affaire Vincent Humbert, très médiatisée, le tribunal a décidé, à plusieurs reprises, l’arrêt de l’hydratation et de la nutrition parentérale, qui n’étaient pas des soins mais des traitements, puisque c’était elles qui le maintenaient en survie.
Soins de support ou soins de soutien
Il s’agit de l’ensemble des moyens mis en œuvre par les secteur sanitaire et social dans la prise en charge d’une personne atteinte d’une maladie chronique. Ils ne se substituent pas aux soins palliatifs. Ces soins permettent de fournir une aide pluridisciplinaire et pluriprofessionnelle au patient et à sa famille. Les soins de support sont mis en œuvre par des professionnels médicaux, mais aussi par des psychologues, des professionnels travaillant dans le domaine du bien-être (coiffeur, pédicure…), des bénévoles missionnés par des associations, des représentants des différents cultes, des acteurs sociaux (assistant social, éducateur spécialisé…).
Soins de suite et réadaptation : SSR
Les services d’hospitalisation dits de « moyen séjour », que l’on appelait naguère services de convalescence, sont devenus des « SSR », pour « soins de suite et de réadaptation ». Cette dénomination indique bien leur rôle : ces services sont là pour accueillir des patients qui sortent d’une hospitalisation en « court séjour », qu’il s’agisse de médecine ou de chirurgie, et qui ne sont pas encore en état de rentrer chez eux. Le but de leur séjour en SSR est précisément de se réadapter à leur vie antérieure. Parmi ces soins de suite, la kinésithérapie et l’ergothérapie jouent un grand rôle .
Dommage associé aux soins
Un dommage associé (ou lié) aux soins est un préjudice subi par un patient à l’occasion d’un soin, le terme étant ici employé dans un sens élargi, puisque le soin en question peut être, par exemple, une intervention chirurgicale.
Le « care » et l’éthique de la sollicitude
Le mot « care » est l’équivalent anglais de « soin ». L’expression « take care » veut dire « prendre soin » ; et « take care of you » se traduit par « prends soin de toi » (ou « prenez soin de vous »), que l’on utilise de plus en plus souvent en France comme formule de politesse souvent (mais pas toujours) vide de sens. Mais le « care », quand il est employé en français, dans l’expression « éthique du care », ou, en français correct, « éthique de la sollicitude », c’est autre chose. Ce mot et cette expression ont fait leur apparition en France à la suite d’une déclaration de Martine Aubry, relayée ensuite par Ségolène Royal pendant la campagne présidentielle de 2012 : « Il faut passer d’une société individualiste à une société du care, selon le mot anglais que l’on pourrait traduire par « le soin mutuel ».
La théorie (ou la philosophie) du care a été initiée en 1982 à partir d’une étude de la philosophe et psychologue féministe américaine Carol Gilligan. Elle avait constaté, à l’occasion d’une enquête de psychologie morale, que les critères de décision morale différent chez les hommes et les femmes. Celles-ci ont tendance à privilégier la valeur de la relation. Cette observation lui a permis d’établir le concept du care comme « capacité à prendre soin d’autrui ». Il serait réducteur de voir dans le care une simple « éthique féminine ». Son champ d’application s’est étendu au point que, selon la philosophe américaine Joan Tronto, on peut définir le care comme une « activité caractéristique de l’espèce humaine, qui recouvre tout ce que nous faisons dans le but de maintenir, de perpétuer et de réparer notre monde, afin que nous puissions y vivre aussi bien que possible ». On sort largement du simple cadre du soin.
Le philosophe français le plus proche de cette éthique de la sollicitude est Paul Ricœur (1913 – 2005), bien que ce concept de care ne figure pas en tant que tel dans son livre majeur consacré à l’éthique, Soi-même comme un autre, paru en 1990.
Pour une approche philosophique du soin, lire Le soin est un humanisme, de la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury, qui vient de paraître en octobre 2019.
Soins non liés à la santé
Nous venons de passer en revue les soins prodigués dans le cadre sanitaire. Mais d’autres soins sont possibles, notamment en cosmétologie, comme les soins de beauté, ou encore les soins de bien-être (thalassothérapie par exemple), les soins de pédicurie et de manucure, et la liste est longue. Dans ce sens, un soin peut être soit une technique (comme un soin du visage), soit un produit (un soin du cheveu par exemple).
Les soins sanitaires servent à rester en bonne santé, ou à recouvrer la santé ; les autres participent au bien-être et au plaisir de la vie, que la personne soit en bonne santé ou non. Mais la différence est parfois tenue entre les deux catégories de soins. Pour preuve, les soins appliqués lors d’une cure thermale, qui font partie des soins médicaux, et ceux qui sont dispensés pendant une thalassothérapie, qui relèvent du bien-être, sont bien souvent les mêmes. Seule l’eau est différente : thermale ou de mer. Et puis, après tout, le bien-être figure dans la définition que l’OMS donne de la santé.
Article publié le 4 novembre 2019