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Alcoolisme / Ethylisme / Exogénose / Oenolisme

L’alcoolisme est malheureusement une des addictions les plus répandues. Mais ce terme, de même que celui d’éthylisme, pouvant être péjoratif pour l’alcoolique, les médecins utilisent volontiers les termes exogénose ou œnolisme, en général non comprises par les patients.


L’alcoolisme est l’état chronique du sujet qui ne peut pas se passer de sa consommation excessive et quotidienne d’alcool. La personne atteinte de cette addiction (ou dépendance) est un alcoolique, alors qu’une personne alcoolisée peut ne l’être qu’occasionnellement, quand elle est en état d’ivresse. Les vrais alcooliques sont rarement soûls (on est soûl quand on s’est saoulé !)


L’alcool (éthylique) et ses effets toxiques

Le nom complet de ce que nous appelons communément alcool (de l’arabe al-kuhul), et qui est à la base de toutes les boissons alcoolisées, est alcool éthylique, encore appelé éthanol. Ce nom complet explique que l’on utilise indifféremment alcoolisme et éthylisme pour parler de l’abus de boissons alcoolisées.

Si l’alcool n’avait que des effets négatifs, personne n’aurait l’idée d’en consommer. Les effets positifs sont bien connus, et fort agréables : euphorie et désinhibition, sans compter le plaisir qu’il y a à boire un grand vin, de Bordeaux, de Bourgogne ou d’ailleurs, ou un vieil alcool brun, Armagnac, Calvados ou Cognac, selon les régions.Pasteru

De plus, en France, grand pays producteur de vin, un scientifique aussi incontesté que Pasteur a sanctuarisé jadis la consommation de vin, en répandant l’idée que boire un verre de vin par jour était bénéfique pour la santé, affirmation pas nécessairement fausse, mais non scientifiquement fondée. Sans aller jusqu’à vanter les mérites sanitaires du vin, le corps médical considère qu’il n’y a pas de réel danger à boire un verre de vin par jour. Je rappelle que l’alcoolémie maximale tolérée au volant est, en France, de 0,50 g/L ; au-delà, le risque de provoquer un accident est réel.

Les effets toxiques peuvent être immédiats, en cas de consommation massive en peu de temps, pouvant aller jusqu’au coma, auquel on adjoint toujours l’adjectif éthylique (et non pas alcoolique). Mais les effets les plus dévastateurs sont chroniques, et demandent du temps pour se dévoiler ; le système nerveux central et le foie sont les plus touchés, avec la fameuse cirrhose bien connue de tous. Toutes les cirrhoses ne sont pas  liées à l’alcoolisme : certaines hépatites, virales notamment, peuvent en être la cause. Une précision sémantique : la cirrhose étant par définition une maladie du foie, il n’est donc pas utile de préciser cirrhose du foie, formulation quelque peu pléonastique.

Différents modes de consommation d’alcool

Les verres dans lesquels on sert de l’alcool sont calibrés pour que la quantité  d’alcool soit toujours la même : plus grands pour la bière, peu alcoolisée ; tout petits pour les digestifs, à forte teneur en alcool ; entre les deux pour le vin, dont la teneur en alcool varie autour de 12°.Verres d'alcool

Ce qu’on appelle alcoolisme mondain n’est pas l’alcoolisme de la grande bourgeoisie, mais désigne le fait de boire en société, très régulièrement, en quantité juste un peu supérieure à ce qui est autorisé, ce qui explique que l’alcoolique mondain serait très surpris d’être perçu comme un alcoolique, car il n’a jamais été ivre, et ne se rend quasiment jamais au bistro. Comme l’avait très bien montré une campagne télévisuelle de sensibilisation au problème, l’alcoolique mondain ne se reconnaît pas comme tel, mais identifie en revanche la plupart de ses relations comme atteints par cette dépendance.Alcoolisme mondain

Une autre forme de consommation alcoolique se répand à grande vitesse dans notre pays, surtout chez les jeunes, le binge drinking, que l’on pourrait traduire par « biture express ». C’est une habitude qui nous vient de Grande Bretagne et des pays scandinaves, pays où, traditionnellement, on ne boit de l’alcool que le week-end. L’idée est ici de boire le plus vite possible de grandes quantités d’alcool pour atteindre sans délai l’ivresse, au risque du coma éthylique, de plus en plus souvent constaté.Binge drinking

Tous les médecins savent qu’un patient qui jure ne boire que de l’eau a toutes les chances d’être un alcoolique, car presque tout le monde (du moins en France) consomme de l’alcool de temps en temps et n’hésite pas à le reconnaître tant que cela reste raisonnable.

Les effets toxiques sont dus à la molécule d’alcool éthylique par elle-même : contrairement à ce que croient certains, un grand cru classé sera aussi toxique pour le foie ou le cerveau qu’une simple piquette, si la quantité d’alcool ingérée au long cours est la même. La principale différence, c’est qu’il faut beaucoup plus d’argent pour développer une cirrhose avec de très grands vins.

Il existe une inégalité entre l’homme et la femme quant à la toxicité de l’alcool : le foie féminin métabolise moins bien l’alcool que son homologue masculin ; il faudra donc, malheureusement pour elle, une intoxication moins prononcée chez la femme pour arriver aux mêmes désastres que chez l’homme.

Alcoolisme et ivresseIvresse

Nous venons de le voir, on peut parfaitement être alcoolique sans jamais avoir atteint cet état si particulier appelé ivresse ou ébriété. Cet état d’excitation, et même d’exaltation, peut d’ailleurs être provoqué par d’autres causes que l’ingestion massive d’alcool. Là encore, le slogan télévisuel « tu t’es vu quand t’as bu ? » exprime au mieux la triste réalité de ce qu’est l’ivresse.

Certaines ivresses n’ont rien à voir avec l’alcool, comme l’ivresse des profondeurs, ou narcose à l’azote, rencontrée parfois en plongée sous-marine.

Alcoolo-tabagisme

Un certain nombre d’alcooliques conjuguent plusieurs dépendances. L’association la plus répandue est celle qui combine  alcoolisme et tabagisme. Cet alcoolo-tabagisme provoque des dégâts dévastateurs, notamment des cancers de l’œsophage et de la sphère ORL, particulièrement graves et mutilants.

Désintoxication alcoolique et sevrage

Le but de la désintoxication alcoolique est d’arriver à ce que l’on appelle l’abstinence, c’est-à-dire l’arrêt complet de toute consommation alcoolique, et la fin de la dépendance. C’est particulièrement difficile à obtenir, puis à maintenir. Au début du processus de désintoxication peuvent apparaître des manifestations dites de sevrage, qui vont de la simple « gueule de bois » au delirium tremens, en abrégé DT, qui peut être mortel. Il faut être particulièrement vigilant chez les alcooliques hospitalisés, car le fait de les laisser à jeun ne serait-ce qu’une journée, donc sans leur dose quotidienne d’alcool, peut avoir des conséquences dramatiques. Les manifestations de sevrage brutal commencent habituellement par des tremblements (c’est ce que veut dire le tremens du delirium).

SynonymesAlcoolisme

L’éthylisme est un strict synonyme d’alcoolisme. On parle indifféremment d’alcootest ou d’éthylotest, mais on emploie exclusivement alcoolémie ou coma éthylique.

L’exogénose désigne en principe une intoxication provoquée par un corps étranger (c’est le sens de l’adjectif exogène) ; mais, en pratique, le corps étranger en question est toujours l’alcool.

L’œnolisme est un alcoolisme plus spécifiquement en rapport avec la consommation excessive de vin. Je rappelle qu’un œnologue est un spécialiste du vin, et que l’on prononce la ligature « œ » comme un « é » et non comme un « eu ».

 Gamma-GT (Gamma-Glutamyl-Transpeptidase)

Pour terminer, j’ai toujours été surpris par le fait que la très grande majorité des patients, même les plus ignorants de la chose médicale, savent que l’augmentation de la gamma-GT sanguine, qui est une enzyme fabriquée par le foie, est corrélée avec une consommation excessive d’alcool, et sont donc consternés quand ils se découvrent concernés par cette augmentation. Or cette affirmation est fausse, puisqu’il existe de nombreuses autres causes de l’augmentation de la gamma-GT, notamment la surcharge pondérale et la prise de certains médicaments.Mais, chez un alcoolique en cours de sevrage, le dosage régulier de cette enzyme est un bon moyen de vérifier la réalité de l’arrêt de l’intoxication.

Article publié le 5 janvier 2015

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