Ces quatre termes appartiennent au vocabulaire des statistiques médicales et de l’épidémiologie.
Contrairement à la médecine, les statistiques médicales sont une science exacte, qui utilise des mots précis avec un sens précis, non interchangeables. Or il apparaît fréquent que ces termes soient mal compris, et souvent utilisés à mauvais escient : on confond en effet souvent incidence et prévalence.
Les statistiques médicales sont la base de l’épidémiologie.
Occurrence
L’occurrence d’un évènement définit son apparition dans le temps, ce qui permet de parler de sa fréquence sous ses deux espèces, l’incidence et la prévalence.
Occurrence s’écrit normalement avec deux « c » et deux « r », mais on peut le trouver, dans certains dictionnaires, écrit avec un seul « r ».
Rappelons que l’expression « en l’occurrence » veut dire « dans ce cas », ce qui nous éloigne des statistiques.
Fréquence
Fréquence a deux significations possibles, dont seule la seconde appartient au domaine des statistiques. Le premier sens est celui de rythme ou de tempo, comme dans les expressions « fréquence cardiaque » ou « fréquence respiratoire », définies par le nombre par minute de mouvements respiratoires dans le premier cas, de battements cardiaques dans le second.
Cependant un musicien dirait que la fréquence cardiaque fait référence à deux notions différentes : le rythme, régulier ou irrégulier, et le tempo, rapide ou lent. Rythme et tempo sont souvent confondus et employés l’un pour l’autre : « rythme rapide » est une formulation fautive. La valse est une danse à trois temps (rythme) ; il y a des valses lentes et des valses rapides (tempo).
Le second sens de « fréquence » est épidémiologique : la fréquence d’un évènement, c’est son nombre d’occurrences. Un évènement (une maladie en l’occurrence) peut ainsi être qualifié « à la louche » par des adjectifs assez subjectifs comme fréquent, habituel, rare, occasionnel, exceptionnel, etc.
Mais ni la médecine factuelle (l’EBM, evidence based medicine) ni l’épidémiologie ne peuvent se contenter d’une telle imprécision, ce qui explique l’emploi de deux notions chiffrées qu’il ne faut pas confondre, l’incidence et la prévalence, la première plus utilisée que la seconde.
Incidence
L’incidence mesure le nombre de nouveaux cas d’une maladie pendant une période de référence, souvent un an.
De manière plus précise, l’incidence est la proportion des individus atteints par une maladie donnée par référence au nombre total de sujets présents dans la population étudiée, non malades au début de l’étude, et cela pendant une période donnée.
Comme tout cela peut paraître un peu abstrait, le plus simple est de prendre un exemple, celui de l’incidence de l’infection à VIH (virus de l’immunodéficience humaine, responsable du SIDA), en France, tel qu’elle a été étudiée par l’InVS, à savoir l’Institut national de veille sanitaire.
L’incidence de l’infection mesure le risque qu’une personne non infectée contracte le VIH, devenant ainsi un « nouveau cas » de contamination. Pour mesurer cette incidence (l’InVS emploie « estimer », plus approprié), l’InVS utilise un test biologique d’infection récente. Les premiers résultats, connus en 2010, concernaient la période 2003-2008, pendant laquelle les chiffres constatés ont été les suivants : en 2008, l’incidence estimée a été de 7000 nouvelles contaminations, soit 17 contaminations annuelles pour 100 000 habitants. En 2003, l’incidence estimée était de 9000 contaminations, soit une baisse de 2000 nouveaux cas en 5 ans.
Comme on peut le voir, l’incidence s’exprime soit par un nombre absolu (9000), soit par une proportion dont le dénominateur est un multiple de 10 (17 pour 100 000).
Prévalence
La prévalence est une mesure de l’état de santé d’une population à un instant donné, pour un problème sanitaire donné. Tout comme un sondage d’opinion, c’est une photographie instantanée, qui ne vaut que pour l’instant étudié.
La prévalence d’une affection est calculée en rapportant à la population globale le nombre de malades présents dans cette population, qu’il s’agisse de cas nouveaux ou anciens. La prévalence est une proportion, en règle générale exprimée par un pourcentage.
On utilise trois types de prévalence :
- la prévalence instantanée, qui correspond à la définition donnée ci-dessus. La mesure est effectuée ponctuellement, en général sur une journée ;
- la prévalence sur un temps donné, un mois ou une année ;
- la prévalence vie-entière, qui mesure la proportion de personnes qui seront atteintes de la maladie étudiée à un moment ou un autre de leur vie.
La confusion la plus habituelle est faite entre incidence (mensuelle ou annuelle) et prévalence mensuelle ou annuelle. Comme l’incidence ne s’intéresse qu’aux nouveaux cas, la prévalence est toujours supérieure à l’incidence.
Là encore, on peut rendre les choses moins abstraites avec l’exemple concret suivant, l’enquête de prévalence.
Enquête de prévalence
Tous les ans, l’Institut de veille sanitaire, (InVS, déjà cité au paragraphe « incidence ») mesure, dans la population hospitalisée dans les établissements de santé, publics comme privés, le nombre de patients atteints d’une infection nosocomiale et de patients sous antibiothérapie pendant la courte période d’étude choisie. Les résultats sont consultables sur le site de l’InVS.
En résumé, sur la période mai – juin 2012, la prévalence des infections nosocomiales était de 5,1%, et celle des patients sous antibiotiques de 16,6%. Le total de la population étudiée représentait 300 330 patients hospitalisés dans 1938 établissements.
Un autre exemple d’enquête de prévalence est la mesure du nombre d’infections du site opératoire (ISO) un jour donné en service de chirurgie, enquête menée par le CLIN (Comité de lutte contre les infections nosocomiales) de chaque établissement possédant un service de chirurgie.
Article publié le 6 juillet 2015