Champignon est un terme générique très vaste, qui intéresse le domaine médical en cas d’intoxication alimentaire par un champignon vénéneux, ou de mycose, maladie provoquée par un microchampignon pathogène.
Ce que le langage courant appelle champignon est en fait assez éloigné de la réalité scientifique. La science qui s’occupe des champignons s’appelle la mycologie (avec une sous-discipline, la mycotoxicologie).
Champignons comestibles et champignons vénéneux
Ce que l’on appelle couramment champignon, notamment en cuisine, n’est qu’un état temporaire et visible, le sporophore, d’un organisme durable appelé macromycète, dont la structure filamenteuse constitue le mycélium. Le sporophore se présente le plus souvent sous la forme d’un pied, le stipe, surmonté d’un chapeau ; mais d’autres formes sont possibles.
Beaucoup de ces champignons sont comestibles, et la cueillette de certains d’entre eux est même un sport national dans notre pays. Mais certains sont toxiques pour l’homme, responsables d’intoxications alimentaires pouvant conduire à la mort, notamment par hépatite suraigüe. Les plus dangereux de ces champignons vénéneux appartiennent au genre des amanites, dont l’amanite phalloïde est la plus redoutable, régulièrement mortelle.
Ces intoxications sont toujours provoquées par la confusion avec un champignon comestible, d’où la nécessité impérative de ne consommer que des champignons que l’on connaît parfaitement.
Je ne résiste pas au plaisir de citer ce délicieux passage inaugural des Mémoires d’un tricheur de Sacha Guitry : « Nous étions douze à table. / Du jour au lendemain, un plat de champignons me laissa seul au monde. » (Le narrateur, alors enfant, avait été privé de champignons à cause d’un menu larcin).
Champignons microscopiques et micro-organismes
Les microchampignons s’appellent également micromycètes ou microfungi. Ils font partie de ce que l’on appelle les micro-organismes, comme les bactéries, les virus et certains parasites (voir l’article consacré à ce sujet).
Ces micromycètes sont très présents dans la nature, et vivent notamment en symbiose avec des algues pour former des lichens. Certains de ces microchampignons sont indispensables à la fabrication de fromages, comme le Roquefort. La « pourriture noble » est un micromycète indispensable à la production du vin de Sauternes.
D’autres ont une utilisation en thérapeutique : on rappelle que la pénicilline, premier antibiotique découvert (par Alexander Fleming en 1928), provient d'un champignon appelé penicillium.
Si les animaux et les végétaux peuvent être affectés par des micromycètes, l’atteinte de l’homme se traduit par une mycose, terme générique (comme parasitose ou virose) utilisé pour caractériser toutes les maladies provoquées par ces micro-organismes.
Mycose et antimycosique
Une mycose est donc une infection provoquée par un microchampignon pathogène. Il existe deux adjectifs associés à mycose : mycosique et fungique (ou fongique, les deux se prononçant de la même façon).
Pour parler d’un traitement destiné à lutter contre les mycoses, on emploie soit antifungique (ou antifongique) soit antimycosique. L’adjectif mycotique n’est utilisé que dans un cas, celui de l’anévrisme mycotique, complication d’une endocardite infectieuse, et qui n’est pas une mycose mais une maladie bactérienne : l’anévrisme mycotique n’est pas mycosique.
Quant au fongicide, substance destinée à combattre les champignons parasites des végétaux, ce terme est réservé au domaine phytosanitaire.
La plupart des mycoses affectent la peau et les muqueuses, mais également certains viscères comme les poumons, notamment chez les patients immunodéprimés. Il existe également des mycoses systémiques (candidoses).
Les mycoses cutanées (dermatomycoses) affectent la peau et les phanères (ongles et cheveux). Comme elles sont provoquées par des microchampignons dénommés dermatophytes, on parle également de dermatophytoses. Les dermatophytes sont toujours pathogènes, et appartiennent à trois genres : Trichophyton, Microsporum et Epidermophyton.
Les épidermophyties n’affectent que la peau glabre (dépourvue de pilosité) : herpès circiné, intertrigo inguinal et intertrigo interdigitoplantaire, connu sous le nom de pied d’athlète ou athletic foot, extrêmement fréquent.
Les mycoses du cuir chevelu s’appellent des teignes. L’une d’entre elles est le pityriasis du cuir chevelu, due à Pytiriasis capitis, responsable de démangeaisons et de la production de pellicules. Il existe d’autres dermatoses qui portent le nom de pytiriasis ; certaines sont des mycoses, comme le pytiriasis versicolor, d’autres ne le sont pas, comme le pytiriasis rosé de Gibert.
Les mycoses des ongles, ou mycoses unguéales, portent le nom d’onychomycoses.
Enfin les dermatophyties sont des manifestations allergiques à distance du foyer infectieux mycosique.
Candida albicans et candidose
Le Candida albicans est l’espèce la plus connue et la plus importante en pathologie du genre Candida. C’est un champignon levuriforme, autrement dit une levure, sachant que les levures sont des champignons microscopiques.
Le Candida est un micro-organisme qui vit de manière commensale dans les muqueuses de l’être humain. Présent chez 80% de la population, il n’entraîne habituellement aucun trouble. Quand il devient pathogène, il provoque des infections fongiques que l’on appelle candidose ou candidiase (le premier terme est nettement plus employé que le second).
Les candidoses peuvent être graves lorsqu’elles surviennent chez un patient immunodéprimé (SIDA, chimiothérapie, transplantation d’organe, etc.).
Les candidoses les plus fréquentes, et heureusement les moins sévères, sont cutanéomuqueuses : atteinte des plis cutanés ; candidose buccale (muguet) ; candidose vulvovaginale (vulvovaginite) avec leucorrhées, douleurs locales et prurit intense.
Un degré de plus dans la gravité, c’est la candidose œsophagienne. Et le pire, la candidose systémique, mortelle dans un cas sur deux. Il peut s’agir d’une septicémie à Candida (candidémie), ou d’un foyer profond.
Parmi les facteurs qui favorisent la survenue d’une candidose systémique, certains sont iatrogènes, comme le recours à une antibiothérapie à large spectre.
Mycosis fongoïde
Pour terminer, un mot d’une hématodermie (affection du sang et de la peau) qui n’est nullement une mycose, malgré un nom composé de deux termes fortement évocateurs : le mycosis fongoïde. Il s’agit de la multiplication pathologique des globules blancs dans la peau. Cette affection porte également le nom de lymphome cutané primitif à cellules T.
Article publié le 8 février 2016