Organe est un mot générique qui inclut le terme viscère.
L’ensemble des organes, viscères compris, constitue l’organisme. Leurs affections sont dites organiques.
Organe
Le terme organe désigne un ensemble de tissus concourant à la réalisation d’une ou de plusieurs fonctions physiologiques. Pour ce faire, les organes forment des systèmes, comme le système nerveux ou le système endocrinien, ou des appareils, comme l’appareil locomoteur ou l’appareil digestif. Les termes appareil et système sont peu ou prou synonymes, et seul l’usage fait que l’on utilise un mot plutôt que l’autre. Les organes qui contribuent à une fonction sensorielle sont les organes des sens, comme l’œil ou l’oreille.
Tous les organes n’ont pas la même importance. Certains sont dits vitaux, comme le cœur ou les poumons, car la vie est impossible en leur absence. D’autres sont moins indispensables, et il est parfaitement possible de vivre sans vésicule biliaire ni côlon. Certains n’ont même pas de fonction connue, comme l’appendice.
Un organe qui ne fonctionne plus normalement est qualifié, selon les cas, de défaillant ou d’insuffisant : défaillance ou insuffisance cardiaque, la première plus grave que la seconde. L’absence d’un organe peut être palliée par une prothèse (jambe artificielle après amputation). La fonction d’un organe défaillant peut être améliorée ou remplacée par une prothèse (des lunettes pour traiter les troubles de la réfraction, une prothèse de hanche pour remplacer une articulation détruite par l’arthrose), ou encore par une greffe (appelée aussi transplantation), prélevée sur un donneur mort pour un organe vital (transplantation cardiaque ou hépatique), et sur un donneur vivant pour un organe non vital (greffe de rein) : c’est le don d’organes. Dans le cas de don du sang, de moelle osseuse ou de cornée, il s’agit d’un don de tissu.
Les organes qui sont situés dans une cavité corporelle sont qualifiés de viscères.
Organisme, organique et organicité
Dans le vocabulaire de la biologie, un organisme désigne l’ensemble des organes qui composent un être vivant, et, par métonymie, l’être vivant lui-même, comme dans l’expression bien connue maintenant « organisme génétiquement modifié » (OGM). On peut parler d’organisme pour désigner le corps d’un individu.
Tout ce qui a trait aux organes est dit organique, et tout ce qui a trait aux fonctions est qualifié de fonctionnel. Mais, en pratique, organique se dit d’un trouble ou d’une maladie correspondant à une lésion mise en évidence (une lithiase, une tumeur, un ulcère), et fonctionnel d’un ensemble symptomatique sans lésion identifiée (colopathie fonctionnelle, dyskinésie biliaire, migraine).
L’organicité correspond à ce qui est organique dans le sens que nous venons de définir : la mise en évidence d’un calcul dans la vésicule biliaire signe l’organicité d’une douleur de l’hypochondre droit.
Un rappel : la matière organique désigne la matière fabriquée par tous les êtres vivants, y compris l’homme, comme les excréments. Et une précision : en anglais « organic » désigne ce que nous dénommons « bio », comme la nourriture.
Organite et micro-organisme
Un organite est une structure spécialisée située dans le cytoplasme des cellules eucaryotes, c’est-à-dire pourvues d’un noyau. Il existe un grand nombre d’organites, notamment le réticulum endoplasmique, l’appareil de Golgi, les mitochondries, qui fournissent de l’énergie à la cellule, et qui possèdent leur propre génome ; enfin, un certain nombre d’éléments dont le nom se termine par « some » : lysosomes, endosomes, peroxysomes, etc.
Les organites et les micro-organismes (les microbes) ne sont visibles qu’à l’aide d’un microscope. Les micro-organismes sont des bactéries, des champignons microscopiques (micromycètes), des virus, et certains parasites.
Viscère
Un viscère est un organe situé dans une cavité corporelle, comme la boite crânienne, la cage thoracique ou l’abdomen (cavité péritonéale). C’est pourquoi le cerveau, le cœur et les poumons ainsi que les reins sont des viscères.
Cependant l’usage veut que l’on réserve le terme de viscère aux organes digestifs, situés pour la plupart d’entre eux dans la cavité péritonéale. Si l’on ne craint pas une comparaison bouchère un peu osée, les viscères abdominaux correspondent aux abats.
On décrit des viscères pleins, comme le foie, le pancréas ou la rate, et des viscères creux, comme le tube digestif dans son ensemble, ainsi que la vésicule biliaire.
Éviscération
En chirurgie de l’abdomen, si une plaie opératoire récente se désunit complètement, il s’agit d’une éviscération, circonstance fort heureusement assez rare. Si la suture cutanée a tenu bon, c’est une éviscération couverte. Dans le cas contraire, les viscères se trouvent brusquement exposés à l’air libre. Les remettre à l’abri dans la cavité abdominale fermée constitue une urgence absolue.
On ne confondra pas éviscération, phénomène brutal, et éventration, d’installation progressive, et dans laquelle le péritoine a résisté.
En médecine légale, l’éviscération est un temps essentiel de l’autopsie, qui consiste à enlever tous les viscères pour pouvoir les étudier.
Chirurgie viscérale et digestive
La chirurgie qui traite des viscères digestifs (œsophage compris, qui est un viscère thoracique) est appelé chirurgie viscérale et digestive, que l’on appelait naguère tout simplement la chirurgie digestive. Chirurgie viscérale et digestive est l’intitulé exact de cette spécialité chirurgicale, et le chirurgien qui la pratique est, au choix, un digestif, un viscéral ou un viscéraliste. Familièrement, on parle aussi de « chirurgie molle », ou, plus familièrement encore, du « mou », les orthopédistes pratiquant le « dur », sans aucune connotation avec la personnalité de chacun.
Je termine par une anecdote personnelle : pendant tout le temps où j’ai exercé les fonctions de praticien hospitalier en chirurgie digestive dans un hôpital de province, ma feuille de paie portait la mention suivante : « chirurgie du mou ». Je ne m’en suis jamais offusqué, bien que cela m’ait fait sourire la première fois que je m’en suis aperçu.
Article publié le 25 juin 2018