Les termes contraction, contracture, crampe et défense concernent l’activité musculaire.
La contraction est le résultat d’un mécanisme musculaire physiologique. La contracture, la crampe et la défense sont des contractions pathologiques.
Contraction musculaire et contractilité
La contraction d’un muscle résulte de la contraction simultanée et coordonnée de l’ensemble de ses cellules musculaires, les myocytes, ou fibres musculaires. Les myocytes contiennent des fibres contractiles appelées myofibrilles. Chaque myocyte est sous le contrôle d’un seul motoneurone, qui stimule la fibre musculaire par l’intermédiaire d’une synapse appelée plaque motrice. Un motoneurone peut contrôler plusieurs myocytes, qui seront tous stimulés en même temps. L’ensemble fonctionnel formé par un motoneurone et les fibres musculaires qu’il contrôle s’appelle une unité motrice.
Chaque fibre musculaire possède deux propriétés : l’excitabilité, sous l’effet du motoneurone, et la contractilité, résultat de la stimulation nerveuse. La contraction de l’ensemble des fibres d’un muscle, comme le biceps, provoque son raccourcissement, et donc le déplacement de l’os auquel il est fixé (flexion de l’avant-bras sur le bras dans le cas du biceps). C’est la contraction isotonique ou anisométrique. Dans la contraction isométrique, utilisée pour le port de charge, il n’y a pas de modification de la longueur du muscle.
Après la contraction survient la relaxation, avec retour des myocytes à leur état de repos physiologique.
Les fibres musculaires striées que l’on trouve dans les muscles squelettiques, se contactent sous l’effet de la volonté, contrairement aux fibres musculaires lisses que l’on trouve dans les viscères comme le cœur ou l’intestin, et dont le fonctionnement est indépendant de la volonté.
Le préfixe « rhabdo » correspond aux muscles striés (rhabdomyosarcome), et le préfixe « léio » aux muscles lisses (léiomyosarcome).
Le neuromédiateur de la plaque motrice est l’acétylcholine. La contraction musculaire consomme de l’énergie et du calcium.
Crampe
Une crampe est une contraction involontaire, douloureuse et temporaire d’un groupe musculaire, notamment les fléchisseurs du pied (crampe du mollet) ou des doigts (crampe de la main). Son début est brutal et sa durée brève (sinon, on parle de tétanie). Pendant la crampe, l’impotence du groupe musculaire est totale. Elle survient soit sur un muscle déjà contracté (crampe d’effort, telle qu’on l’observe chez les footballeurs en fin de match), soit au repos, y compris pendant le sommeil. La crampe d’effort est provoquée par une surcharge musculaire en calcium liée à une déperdition en sodium.
On décrit des crampes essentielles ou idiopathiques (donc sans cause connue) ; ce sont en général des crampes de repos et des crampes nocturnes, qui perturbent le sommeil. D’autres crampes sont secondaires, et font partie du tableau clinique d’un grand nombre de maladies, notamment neurologiques, que l’on ne peut pas citer ici. Certaines sont liées à des désordres électrolytiques comme l’hypocalcémie ou l’hypokaliémie. La prévention de la crampe d’effort passe par une bonne hydratation et un apport modéré en sel.
Contracture musculaire
Contracture est un terme fréquemment utilisé en médecine sportive. Il s’agit d’une contraction musculaire involontaire de plusieurs fibres musculaires au sein d’un muscle ou d’un groupe de muscles. Elle occasionne une impotence douloureuse, et sa durée est plus longue que celle d’une crampe. Si la contracture persiste, elle peut entraîner une élongation ou une déchirure musculaire.
La contracture peut être primitive, comme dans le surentraînement sportif, ou secondaire, pour bloquer un segment douloureux, comme dans le lumbago ou le torticolis. Au niveau de la paroi abdominale, la contracture témoigne d’une irritation péritonéale, telle qu’on l’observe dans la péritonite.
Palpation de l’abdomen : de la douleur provoquée à la contracture en passant par la défense
Face à une douleur abdominale, la première chose que le médecin va faire, c’est une palpation de l’abdomen. La réaction de la paroi abdominale à la main qui tente de la palper est de trois ordres, de gravité croissante : soit la paroi laisse la main de l’examinateur s’enfoncer, malgré la douleur qu’elle entraîne, et c’est la douleur provoquée ; soit la paroi réagit pour essayer d’empêcher la main de continuer à s’enfoncer, et c’est la défense, telle qu’on peut l’observer dans l’appendicite ; soit enfin la paroi abdominale se contracte de manière à empêcher la main d’appuyer sur le ventre, et c’est la contracture, hautement suspecte d’être liée à une péritonite. On parle dans ce cas de « ventre de bois ». La douleur provoquée est toujours localisée ; la défense peut être localisée ou généralisée ; la contracture est pratiquement toujours généralisée. D’autre signes d’examen peuvent être recueillis, comme l’hyperesthésie cutanée ou la douleur à la décompression (la douleur n’apparaît pas quand la main s’enfonce, mais quand elle se retire).
Tous cette symptomatologie d’examen clinique est très utile, à condition d’utiliser les bons termes, et de ne pas parler de défense quand il s’agit d’une simple douleur provoquée. L’imagerie confirmera (ou infirmera) la clinique.
Contrat ; contracter ; contractile ; contractuel
Le verbe relié au substantif contraction est contracter, qui peut être pronominal (se contracter, dans le cas d’un muscle), ou non. Contracter, cela peut signifier signer un contrat, ce qui arrive fréquemment aux médecins, libéraux comme salariés.
L’adjectif relié à contraction est contractile, autrement dit doué de contractilité ; celui qui est associé à contrat, c’est contractuel. Un praticien contractuel a certes signé un contrat avec la structure qui l’emploie (en règle générale un hôpital), mais ce statut de contractuel l’oppose à celui de titulaire, lequel a été recruté à la suite d’un concours.
Article publié le 22 janvier 2018