Ces trois vocables sont en rapport avec l’apparition d’un gonflement localisé à une partie du corps pour le premier et le troisième, ou plus diffus pour le deuxième.
Tuméfaction est un terme générique, qui décrit l’existence d’un gonflement localisé sans faire référence à sa cause. L’œdème n’est ni une tuméfaction ni une collection. En revanche, une collection est une tuméfaction.
Tuméfaction
Une tuméfaction, ce n’est jamais que le gonflement anormal, visible et palpable, d’une structure anatomique : un abcès, un hématome, une tumeur peuvent apparaître sous la forme d’une tuméfaction, s’ils sont superficiels. Une hernie se manifeste sous la forme d’une tuméfaction, de l’aine en cas de hernie inguinale ; idem pour une éventration, qui peut survenir à n’importe quel endroit de l’abdomen.
Une tuméfaction abdominale (un « gros ventre ») peut être due à de nombreuses causes : une ascite (épanchement liquidien intra péritonéal), une hépatomégalie (gros foie) ou une splénomégalie (grosse rate), ou encore une distension intestinale : on parle dans ce dernier cas de météorisme.
Tuméfaction formée par un lipome
Même remarque au niveau des bourses : une tuméfaction scrotale (le scrotum est l’enveloppe des bourses) peut être en rapport avec la présence de liquide autour du testicule (une hydrocèle), une inflammation du ou des testicules (une orchite), ou encore une tumeur bénigne (un kyste de l’épididyme) ou maligne (un cancer du testicule). Vous aurez noté en passant la position du « y » dans épididyme. S’il s’agit d’un enfant, on pensera systématiquement à une torsion du testicule (en réalité il s’agit d’une torsion du cordon spermatique, qui compromet la vitalité du testicule).
Collection - Collecté
Une collection est une poche de liquide qui se développe dans une partie de l’organisme, sans avoir de paroi propre. Le liquide est soit du pus, et alors il s’agit d’un abcès, soit du sang, et c’est un hématome.
Dans un hématome collecté sont associées en proportions variables une partie solide, les caillots, provenant des cellules sanguines, et une partie liquide, le plasma, évacuable par ponction à l’aiguille.
Pour un abcès, le stade de collection est en règle générale précédé d’une phase inflammatoire, pendant laquelle les limites lésionnelles sont floues. Une fois que la lésion est collectée, on a alors affaire à un abcès, dont les limites sont précises, mesurables, et dont la ponction ramène en général du pus franc. On parle d’abcès collecté.
Œdème
Une petite précision préalable concerne la prononciation : bien que l’on entende souvent dire « eudème », la bonne prononciation serait « édème », comme pour tous les mots contenant la ligature « œ » quand elle est suivie d’une consonne, comme dans œsophage ou fœtus.
Ceci posé, un œdème correspond au gonflement d’un organe ou d’un tissu en rapport avec une accumulation de liquide dans le milieu interstitiel. Mais alors, qu’est-ce donc que le milieu interstitiel (l’interstitium) ? Tout simplement un liquide de composition proche de celle du plasma sanguin, qui remplit les espaces situés entre les capillaires et les cellules.
A l’état normal, la quantité de liquide dans le milieu interstitiel est à l’équilibre avec celle présente dans les capillaires : c’est ce que l’on appelle l’homéostasie, matérialisée par l’équation de Starling, dont je vous fais grâce. En cas de déséquilibre, le liquide reflue des capillaires vers le milieu interstitiel, créant un œdème.
Il existe des oedèmes mécaniques (œdème blanc) et des oedèmes inflammatoires (œdème rouge). Les premiers ont la caractéristique fréquente d’être déclives et de « prendre le godet » (quand on enfonce la pulpe d’un doigt, sa trace reste visible un certain temps).
Quand l’œdème est dû à un blocage lymphatique, on parle de « lymphœdème » : c’est le classique « gros bras » des femmes traitées d’un cancer du sein par chirurgie et radiothérapie. On le voit de moins en moins souvent grâce à la technique du ganglion sentinelle.
Certaines formes d’œdème peuvent être particulièrement dangereuses : l’œdème cérébral, l’œdème aigu du poumon (le classique OAP), ou encore le bien connu œdème de Quincke, qui peut tuer une personne allergique en quelques minutes à la suite, par exemple, d’une piqûre d’insecte !
Article publié le 22 décembre 2014