Ces trois termes font référence d’une part au côté social de la médecine, d’autre part à son aspect collectif.
La spécialité de santé publique et médecine sociale gère en particulier les services et les établissements médico-sociaux.
Médecine sociale
La médecine sociale est une médecine qui tient compte du contexte social et des conditions sanitaires d’une population donnée. Elle permet, à l’échelle individuelle, de relier une maladie, par exemple la tuberculose, aux conditions socio-économiques de vie du patient et au contexte dans lequel il vit.
Mais, en pratique, la médecine sociale est indissociable de la santé publique.
Médico-social
L’adjectif composé médico-social s’applique à ce qui relève de la médecine sociale. L’orthographe traditionnelle est « médico-social », plus utilisée que l’orthographe rectifiée « médicosocial ».
Médico-social s’applique essentiellement aux vocables « établissement » et « service » : service social, établissement médico-social. Qu’ils soient publics ou privés, les établissements médico-sociaux relèvent de la politique sociale, de même que, bien entendu, les services sociaux. Ils sont régis par le code de l’action sociale et des familles, le CASF.
Ces établissements sont répertoriés dans le Fichier national des établissements sanitaires et sociaux, le FINESS (ou répertoire FINESS).
Ce fichier regroupe les établissements sociaux et médico-sociaux dont il est question dans cet article, ainsi que les établissements sanitaires (ou établissements de santé) que sont les cliniques privées et les hôpitaux publics, qui font l’objet d’un article de cette encyclopédie.
La loi du 21 juillet 2009, dite « HPST » pour « Hôpital, patients, santé et territoire » (il faut bien reconnaître que cela ne veut pas dire grand-chose à première vue), dite aussi « loi Bachelot », a mis dans les mains des ARS (Agence régionale de santé) la gouvernance des établissements de santé et des établissements sociaux et médico-sociaux, les ESSMS (établissement ou service social ou médico-social).
Le champ d’action des ESSMS est très vaste : l’aide sociale à l’enfance, l’enfance handicapée et inadaptée, le handicap mental ou physique des adultes, la protection juridique de la jeunesse, les personnes âgées, les personnes sans domicile, la prise en charge des addictions, les centres de ressources, les demandeurs d’asile, les majeurs à protéger, etc.
Leur financement provient de plusieurs sources : l’aide sociale, l’assurance maladie, l’état, selon des modalités variables.
Leur gestion est également variable, relevant, selon les cas, du département et/ou de l’état.
Quelques exemples plus ou moins connus, avec force sigles et acronymes (sigles prononcés de manière syllabique) : maison d’enfants à caractère social (MECS) ; centre médico-psycho-pédagogique (CMPS) ; institut médico-éducatif (IME) ; établissement et service d’aide par le travail (ESAT, ex-CAT) ; établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) ; quand les personnes âgées ne sont pas dépendantes, il s’agit alors d’un EHPA (maison de retraite, foyer-logement) ; service de soins infirmiers à domicile (SSIAD) ; service d’aide à domicile (SAAD) ; maison d’accueil spécialisée (MAS) ; centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) ; SAMU social ; centre d’accueil pour toxicomanes ; centre d’accueil pour alcooliques ; foyer de jeunes travailleurs (FJT) ; centre de ressource pour l’autisme ou l’Alzheimer ; centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA), et j’en passe…
Santé publique
Il est très difficile de définir en quelques mots ce qu’est la santé publique. Le plus simple, même si c’est un peu réducteur, est de considérer que la santé publique s’intéresse à l’état sanitaire d’une population prise dans son ensemble, et non pas individuellement. Un exemple simple : vacciner un enfant est un acte individuel de médecine générale ou de pédiatrie; organiser une campagne de vaccination est un acte collectif de santé publique. Ce ne sont pas les mêmes médecins qui sont à la manœuvre dans les deux cas.
Si l’on fait un peu d’histoire de la médecine, on s’aperçoit que tout commence par les mesures destinées à lutter contre les épidémies, comme la mise en quarantaine au Moyen-âge (à cette époque, toute épidémie était qualifiée de peste). Le premier pays à s’être doté d’un ministère de la santé publique est le Royaume-Uni, à la suite de l’épidémie de choléra qui toucha la ville de Londres en 1848. A la suite de la pandémie de grippe espagnole de 1918 (qui fut plus meurtrière que la Grande Guerre, il faut le souligner), la Société des Nations (l’ancêtre de l’ONU) créa en 1922 un Comité d’hygiène, qui compta parmi ses membres un certain Dr Destouches, futur Louis-Ferdinand Céline. Ce comité d’hygiène est devenu par la suite l’OMS (Organisation mondiale de la santé, WHO en langue anglaise). C’est l’OMS qui gère la santé publique au niveau mondial, et, pour rester dans le domaine de la vaccination évoqué plus haut, c’est cette organisation qui peut s’enorgueillir de l’éradication totale de la variole.
Actuellement la santé publique est organisée en France autour de neuf thématiques précisées par la loi du 26 janvier 2016 dite « de modernisation de notre système de santé ». Les médecins, les pharmaciens et les paramédicaux sont tenus, à travers leur DPC (développement professionnel continu), de se tenir informés des avancées en santé publique.
Spécialité de santé publique
Il existe de nombreux acteurs de la santé publique, mais le titre de « médecin spécialiste en santé publique » est, en France, réservé aux médecins ayant validé le cursus de l’internat en médecine dans la spécialité « santé publique et médecine sociale », ou, pour les plus anciens d’entre eux, ayant obtenu la qualification ordinale dans la spécialité.
Les spécialistes en santé publique n’ont, en général, pas ou plus de fonctions cliniques, et sont, dans l’immense majorité des cas, des médecins salariés. Leurs domaines d’intervention sont très nombreux et variés, pouvant être regroupés en cinq grands domaines :
• Économie et gestion des services de santé et des établissements sanitaires. Ce volet inclut l’information médicale : médecin DIM (département d’information médicale, qui gère le PMSI) est un débouché possible pour un spécialiste de santé publique.
• Épidémiologie, démographie, outils informatiques, biostatistiques, recherche clinique…
• Santé communautaire, incluant la prévention primaire, la promotion de la santé, les programmes de dépistage et de vaccination…
• Sciences de l’environnement, dont l’hygiène hospitalière. Médecin ou pharmacien hygiéniste est un autre débouché possible pour un spécialiste en santé publique.
• Sciences sociales appliquée à la santé : sociologie de la santé, droit de la santé, éthique médicale, protection sociale, politiques sanitaires…
Article publié le 2 juillet 2018