Ces quatre termes font référence à un possible retour d’un sujet à l’état antérieur après un évènement particulier, comme un effort, un traumatisme, une hospitalisation médicale ou encore une intervention chirurgicale.
Ces quatre mots forment deux couples quant à leur signification médicale: récupération et réhabilitation d'une part, réadaptation et rééducation d'autre part.
Quand un patient retrouve, après un épisode médical quelconque, l’état exact qui était le sien antérieurement, on utilise parfois l’expression latine suivante : restitutio ad integrum.
Récupération
Ce mot désigne, pour un sujet quelconque, le processus qui permet de retrouver après un effort physique l’état physiologique dans lequel il se trouve à l’état normal (on dit également état de base ou état basal). L’effort physique est en effet responsable d’un certain nombre de modifications physiologiques, comme l’accélération du rythme cardiaque, l’augmentation de la fréquence respiratoire, ou encore des perturbations métaboliques comme la production de lactates. La récupération est acquise lorsque tous ces paramètres ont retrouvé leur niveau de base, qui est propre à chaque individu.
Réhabilitation
Le mot réhabilitation est utilisé, dans le domaine médical, pour qualifier le processus qui vise à amener un patient à l’état de santé le plus proche possible de celui qui était le sien avant de tomber malade. Cela concerne aussi bien les facultés intellectuelles que physiques. On parlera, par exemple, de réhabilitation cognitive, ou encore de réhabilitation respiratoire, selon les fonctionnalités qui sont altérées.
Evidemment, dans les maladies chroniques comme la maladie d’Alzheimer, on comprend bien qu’il n’y aura jamais de retour à l’état antérieur quelles que soient les mesures de réhabilitation entreprises, ce qui n’empêche pas de les prendre.
Réhabilitation ou récupération postopératoire
Après une intervention chirurgicale, quelle qu’elle soit, il existe une période plus ou moins longue intitulée période postopératoire, ou soins postopératoires. En fait, l’habitude est plutôt de désigner cette phase par l’expression familière le post op (au fait, pourquoi au masculin, alors qu’il s’agit d’une période ?).
La façon de gérer le post op, comme on l'exprime familièrement, a été pendant très longtemps totalement empirique, et reposait essentiellement sur des habitudes apprises pendant la période de formation au métier de chirurgien ou d’anesthésiste ; ces habitudes n’étaient jamais remises en question, et s’apparentaient plutôt à un dogme, perpétué de génération en génération, comme le fait d’attendre la reprise des gaz pour réalimenter un opéré.
Puis la médecine factuelle (voir l’article consacré à ce concept) est apparue, et certains anesthésistes et chirurgiens (en particulier le Dr H. Kehlet, chirurgien digestif danois, pionnier du concept dans les années 1990) ont eu l’idée de soumettre les pratiques péri opératoires (c’est-à-dire pré, per et post opératoires) à ce nouvel éclairage scientifique : il s’agissait de savoir ce qui était validé par la médecine fondée sur la preuve dans les pratiques qui entouraient un acte opératoire.
Le résultat fut sans appel : la plupart de ces pratiques ne relèvent que de la simple habitude, voire de la « pensée magique », et il est tout-à-fait possible de s’en dispenser. Mais ces améliorations ne sont pas toujours comprises par les patients qui s’étonnent encore souvent (au lieu de s’en réjouir) de se réveiller sans drain ni sonde, ou encore qu’on leur donne à manger quelques heures seulement après l’acte opératoire. Cet étonnement est en général plus marqué chez les proches du patient, qui n’ont pas eu accès à l’information délivrée lors des consultations pré opératoires.
C’est ainsi que l’on a raccourci la durée moyenne de séjour (la DMS pour arriver au concept d’hospitalisation de courte durée, dont la modalité ultime est bien évidemment la chirurgie ambulatoire. Il a été prouvé qu’en agissant de la sorte, on diminuait sensiblement le nombre de complications postopératoires. En effet, tout geste (comme la simple pose d’un drain ou d’une sonde) comporte un risque, qu’il n’est légitime de prendre que si l’efficacité de ce geste est prouvée.
Cette façon d’alléger les soins péri opératoires porte plusieurs noms : réhabilitation améliorée ou réhabilitation précoce, ou encore récupération rapide, pour les expressions en français. En anglais, cela donne : Fast track surgery, ou ERAS (Enhanced recovery after surgery).
L’adjectif améliorée fait référence à la qualité, alors que rapide se rapporte à la durée de l’hospitalisation, qui se trouve raccourcie. Or, si ce critère est le plus visible, c’est bien une meilleure qualité qui est visée par ces procédures. Donc, réhabilitation améliorée paraît être la meilleure formulation.
Si ces questions vous intéressent, vous pouvez obtenir plus d’informations en allant sur le site de l’association « GRACE » : www.grace-asso.fr.
Rééducation
Lorsqu’elle s’adresse à l’appareil locomoteur, on parle en général de rééducation fonctionnelle ; il s’agit essentiellement de la kinésithérapie (physiotherapy en anglais) et de l’ergothérapie.
Mais on peut aussi rééduquer d’autres fonctions, comme le langage, grâce à l’orthophonie, ou la vision, avec l’orthoptie (attention à la prononciation : on dit orthopsie, mais orthoptiste).
Soins de Suite et de Réadaptation
En France, si l’on se réfère à la durée de séjour, il existe trois catégories de services d’hospitalisation : le Court séjour, le Moyen séjour et le Long séjour.
Les services de moyen séjour s’appelaient autrefois Convalescence, et actuellement Soins de Suite et de Réadaptation, en abrégé « SSR ».
Il s’agit de services d’hospitalisation qui permettent à des patients hospitalisés en court séjour pour des problèmes relativement sérieux, que ce soit en Médecine ou en Chirurgie, de récupérer un état qui autorise le retour à domicile. Si ce retour s’avère impossible, le patient sera ensuite orienté soit vers un service de long séjour, soit vers une maison de retraite médicalisée, que l’on appelle actuellement EHPAD, autrement dit établissement d’hospitalisation pour personnes âgées dépendantes (cet acronyme est masculin).
L’expression soins de suite indique bien qu’il s’agit de la période qui suit une hospitalisation en court séjour. Le mot réadaptation qui lui est accolé fait référence au fait que les patients hospitalisés dans ces services ne sont pas là que pour se reposer, mais surtout pour se réadapter à la vie sans hospitalisation.
Parmi les soins prodigués dans le cadre de la réadaptation, la rééducation (la « kiné ») a une place importante, notamment après chirurgie orthopédique, ou en neurologie, après un AVC par exemple.
La durée de séjour dans un service de SSR est de l’ordre de trois semaines, ce qui correspond à la définition d’un séjour de durée moyenne.
Comme un patient ne peut aller en SSR qu’en sortant d’un service de court séjour, il lui faut attendre qu’un lit se libère, ce qui peut parfois être assez long. C’est une des raisons qui explique l’augmentation de la durée moyenne de séjour (DMS) en court séjour.
Or une DMS courte est en général considérée comme un critère d’efficience pour un service de court séjour. De même, un taux élevé d’interventions réalisées en ambulatoire est considéré comme un critère de qualité pour un service de chirurgie.
Article publié le 1er septembre 2014