Un kyste et une tumeur, qu’elle soit bénigne ou maligne, sont des lésions.
Kyste et tumeur sont des mots plus précis que lésion, qui est particulièrement vague. Dans tous les cas, il s’agit de manifestations organiques, que l’on peut voir, palper, décrire, tant cliniquement que par des examens complémentaires comme l’imagerie. Il ne s’agit donc pas de manifestations fonctionnelles.
Lésion ; lésionnel
Lésion (du latin laedere, blesser) est un terme très général, qui ne présuppose nullement de la nature de la modification concernée. On a tendance à employer ce mot quand la nature exacte de ladite lésion n’est pas connue avec précision ; par exemple, devant une anomalie apparue sur la peau, on parlera de lésion cutanée jusqu’à ce que l’on en sache un peu plus. La même remarque peut être faite pour une image décrite en échographie, au scanner ou à l’IRM : jusqu’à plus ample informé, le radiologue décrira dans son compte-rendu les caractéristiques de l’image en parlant de lésion.
On peut également employer le mot lésion pour décrire des modifications survenues dans un organe à la suite d’un traumatisme ou de toute autre cause, comme la lésion du myocarde causée par un infarctus, avec apparition à l’ECG d’un courant de lésion, ou encore une lésion post-traumatique de la moelle épinière. Ce type de lésion peut être temporaire ou définitif.
L’adjectif dérivé de « lésion » est « lésionnel ».
Tumeur cutanée
Kyste ; kystique; enkysté
Un kyste se définit par l’association d’une paroi (le contenant), et d’un contenu de nature variable, plus ou moins liquide. Il se développe en général dans une glande, comme l’ovaire (kyste de l’ovaire) ou les glandes pilo-sébacées (kyste sébacé). Mais n’importe quelle glande ou organe peut être le siège d’un kyste (comme par exemple le rein, qui en contient très fréquemment).
Kyste de l'ovaire
Là encore, le mot kyste est générique, et ne fait pas référence à la nature histologique de cette lésion. Il n’y a aucun rapport entre, par exemple, un kyste hydatique du foie (kyste provoqué par le développement d’un parasite dans le parenchyme hépatique), et un banal kyste sébacé (contenant du sébum), qui n’est jamais qu’un « point noir » apparaissant sous la peau.
A propos de kyste sébacé, je signale que le « kyste graisseux » dont parlent fréquemment les patients n’existe pas : ou la lésion sous-cutanée contient du sébum, et c’est un kyste sébacé ; ou elle est faite de graisse, et c’est un lipome, qui n’est pas un kyste, mais une tumeur bénigne, du reste particulièrement fréquente.
Un kyste est en principe toujours bénin ; cependant, certains cancers peuvent se présenter comme des kystes, notamment au niveau ovarien ; il convient donc d’être très prudent avant d’affirmer la bénignité de ce type de lésion kystique.
En fonction de la nature histologique de certains kystes, on emploiera des termes histologiques commençant par le préfixe « cyst », qui fait référence au fait que la tumeur en question est kystique : un kyste de l’ovaire banal, à contenu liquide clair (on dit citrin) est en fait un cystadénome séreux ; un kyste de l’ovaire avec un contenu épais (du mucus) et des cellules malignes dans sa paroi, est en réalité un cystadénocarcinome mucineu», autrement dit un cancer de l’ovaire.
Coupe d'un kyste sébacé
Dernier point, la tolérance des kystes dépend en grande partie de leur rapidité de croissance : un petit kyste de l’ovaire qui s’est développé très brusquement pourra être très douloureux, alors qu’un kyste qui aura grossi très progressivement pourra être totalement indolore, même s’il est devenu énorme.
Les adjectifs construits sur le mot kyste sont kystique et enkysté, qui ont globalement la même signification.
Tumeur, tumoral. Néoplasme
Le mot tumeur vient du latin tumere, qui veut dire enfler, étymologie que l’on retrouve dans le substantif tuméfaction (augmentation de volume), ou dans l’adjectif tuméfié (gonflé). On peut employer aussi le synonyme néoplasme, mais on le fait rarement. En revanche le mot néoplasie est souvent employé, le plus souvent sous sa forme abrégée de néo, pour désigner une tumeur maligne.
Pour nombre de patients, tumeur veut dire cancer; ils se trompent!
Tumeur du sein?
Tumeur est aussi un mot générique, utilisé pour désigner le développement anormal d’un tissu néoformé de cause non inflammatoire dans un organe. L’adjectif dérivé est tumoral.
Les tumeurs se développent soit dans un organe donné, et aucun d’entre eux n’en est indemne, soit dans ce que l’on appelle les parties molles, comme la graisse dont notre organisme est rempli, ou encore le tissu conjonctif. Une tumeur bénigne de la graisse s’appelle un lipome, et non pas un « kyste graisseux » comme la plupart des patients le disent. Contrairement aux kystes qui ont une paroi, les tumeurs n’en ont pas, même si elles sont souvent bien circonscrites (ou dit aussi encapsulées).
Une tumeur peut être bénigne ou maligne, autrement dit cancéreuse. Parmi les tumeurs bénignes, certaines le resteront toujours, d’autres évolueront vers la malignité de manière plus ou moins inéluctable, comme les polypes du colon. Cette transformation d’une tumeur bénigne en tumeur maligne s’appelle la dégénérescence maligne. Le caractère bénin ou malin d’une tumeur ne peut être affirmé de façon formelle que par son examen histologique (examen « ana-path »). Cependant, on ne demande pas toujours d’examen ana-path car il est des cas fréquents où la bénignité peut être affirmée par l’aspect de la lésion, comme cela peut être le cas pour un petit lipome sous-cutané.
Lipome de l'épaule
Pour désigner une tumeur, on la caractérise en règle générale par sa nature histologique (si on la connaît) et par l’organe dans laquelle elle a pris naissance : c’est ainsi qu’un fibrome utérin est une tumeur bénigne développée aux dépens des fibres musculaires de l’utérus (le myomètre) ; s’il s’avère à l’examen histologique qu’il contient des cellules malignes, ce sera alors un fibrosarcome utérin.
Beaucoup de tumeurs se développent au niveau des glandes épithéliales ; on les appelle adénome en cas de bénignité, et adénocarcinome s’il s’agit d’un cancer. Les adénocarcinomes, quel que soit l’organe dans lequel ils ont pris naissance, sont les plus fréquents des cancers.
On utilise parfois l’expression tumeur solide par opposition aux hémopathies malignes (cancers du sang comme les leucémies, ou du système lymphatique comme les lymphomes) qui seraient en quelque sorte des tumeurs liquides, bien que cette expression ne soit jamais employée. Un cancer est donc soit une tumeur solide, soit une hémopathie maligne, laquelle n’est pas une tumeur.
Article publié le 14 juillet 2014