Ces trois termes sont a priori péjoratifs, puisqu’ils évoquent la fin de la vie.
Incurable est le contraire de curable. Palliatif est le contraire de curatif. Terminal dit bien ce qu’il veut dire, à savoir que la fin approche.
Maladie ou malade incurable
Curable (du latin curabilis) veut dire susceptible d’être guéri, de même que potable signifie que l’on peut boire. Le contraire de curable, à savoir incurable (incurabilis), signifie donc que l’on ne peut pas guérir la maladie, ou le malade en question. Mais cela ne veut pas dire pour autant que la maladie incurable soit mortelle, ni que le malade incurable soit en fin de vie.
Si l’on prend l’exemple fréquent des maladies génétiques, elles étaient toutes incurables jusqu’à ce que la thérapie génique soit capable d’en guérir certaines. Elles ne sont pas toutes mortelles, loin de là.
Signalons un autre sens de l’adjectif incurable, dans le langage de tous les jours : on dit parfois d’une personne qu’elle est d’une paresse incurable, ou d’un optimisme incurable. Le sens est alors celui d’incorrigible ou d’indécrottable.
Il existe un synonyme d’incurable, mais très peu usité : inguérissable.
On n’emploie guère non plus le substantif incurabilité. Quant au mot incurie, il a un tout autre sens, celui de négligence coupable.
Palliatif : adjectif et substantif
Palliatif est le contraire de curatif, qui s’emploie pour évoquer une méthode susceptible d’apporter la guérison.
Curable et incurable se disent à propos de patients ou de maladies, alors que curatif et palliatif s’emploient pour désigner des méthodes thérapeutiques, comme des soins.
Palliatif peut être un substantif, qui signifie qui pallie. On rappelle que l’on pallie quelque chose, et non pas à quelque chose. Dans cette acception, peu usitée dans le langage médical, un palliatif est donc un substitut.
Mais palliatif, dans le vocabulaire médical, c’est avant tout un adjectif, qui s’emploie plus volontiers au pluriel qu’au singulier, notamment dans l’expression soins palliatifs.
Un traitement peut être à visée préventive, curative ou palliative, selon le stade d’évolution d’une maladie. Ainsi de la chimiothérapie : en situation adjuvante (en complément du traitement principal), elle est utilisée dans le but de prévenir l’apparition ultérieure de métastases ; elle fait, bien évidemment, partie de l’arsenal thérapeutique utilisé pour guérir le cancer ; mais elle peut également être employée pour augmenter la durée de la survie, chez un patient que l’on ne peut plus guérir, mais à qui l’on souhaite offrir quelques mois de plus à vivre, s’il le souhaite ; dans cette situation, on est dans une démarche palliative, mais pas dans le sens de soins palliatifs, qui désigne tout autre chose.
Soins palliatifs (et d'accompagnement)
Les soins palliatifs répondent à une définition précise, la suivante étant celle du ministère de la santé : « les soins palliatifs sont des soins actifs et continus pratiqués par une équipe multidisciplinaire, en collaboration avec des bénévoles d’accompagnement, en institution ou à domicile. Ils visent à soulager la douleur, à apaiser la souffrance psychique, à sauvegarder la dignité de la personne malade et à soutenir son entourage. Ils ont pour but de préserver la meilleure qualité de vie possible jusqu’à la mort ».
Ces soins peuvent donc être mis en œuvre en institution ou à domicile.
A l’hôpital, deux possibilités existent : soit des Unités de Soins Palliatifs (USP), qui sont des structures dédiées à cette activité, soit des Equipes Mobiles de Soins Palliatifs (EMSP), qui se déplacent au lit d’un patient hospitalisé dans une structure conventionnelle.
A domicile, deux types de dispositifs permettent cette prise en charge : l’Hospitalisation à Domicile (HAD), et les réseaux de soins palliatifs ( par exemple Palliance 12 dans l’Aveyron).
Les soins palliatifs sont souvent synonymes de fin de vie, mais ils ne concernent pas que les derniers jours de la vie. Ils peuvent être déployés dès que l’on n’est plus en situation curative, et que l’état du patient le réclame, ne serait-ce que pour soulager sa douleur.
On emploie parfois l’expression soins de confort pour désigner les soins palliatifs.
Phase terminale
Lorsque le fonctionnement de certains organes, comme le cœur, le foie, les poumons, arrive en fin de parcours, on parle d’insuffisance (cardiaque, hépatique, respiratoire) terminale. Si rien n’est fait rapidement, le patient mourra de cette insuffisance terminale. Certains de ces patients pourront être sauvés par une greffe de l’organe défaillant.
La vie se termine soit de façon brutale, par exemple de manière accidentelle, soit de manière progressive ; dans le langage courant, cette phase terminale progressive s’appelle agonie L’agonie peut être paisible, mais aussi très pénible. De plus en plus souvent, cette agonie se déroule en milieu hospitalier, et non plus au domicile du mourant, comme c’était la règle autrefois.
Le verbe qui correspond au mot agonie est, rappelons-le, agoniser, et non pas agonir, qui veut dire injurier.
Mais, lorsque l’on évoque la phase terminale, c’est en général de la fin de vie d’un cancéreux que l’on parle. Il n’y a pas de définition exacte de la phase terminale, car si l’on sait qu’elle va se terminer par le décès du patient, nul ne peut dire quand elle commence, ni surtout quand elle va se terminer.
Intuitivement, on peut dire que la phase terminale commence quand l’état du patient, jusque là stable, commence à se dégrader petit à petit, et, surtout, quand le personnel qui s’occupe du patient sent qu’il lâche prise, qu’il ne s’accroche plus ; c’est le syndrome de glissement, dont le nom évoque bien ce qui se passe : le patient se laisse glisser car il n’a tout simplement plus envie de vivre.
La phase terminale pose parfois le douloureux problème de l’acharnement thérapeutique devenue obstination déraisonnable dans la seconde mouture de la loi sur la fin de vie, et il est parfois difficile de faire la part de ce qui est fait pour maintenir le patient en survie de ce qui est fait pour son confort.
Article publié le 13 octobre 2014