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Hémorroïdes

Les hémorroïdes sont des organes normaux, situés dans le canal anal, et dont absolument tout le monde est équipé ; mais le mot hémorroïdes est également utilisé pour désigner les problèmes hémorroïdaires, ce qui entraîne une certaine confusion dans l’esprit des patients.


Une phrase que les médecins entendent assez souvent est la suivante : « Docteur, j’ai des hémorroïdes » !  La tentation du médecin, à laquelle il doit absolument résister, c’est de répondre : « Mais moi aussi… ».


Un peu d’anatomie du tube digestif

Anatomie du tube digestif

Le tube digestif, appelé également tractus digestif, commence à la bouche, et finit à l’anus. Il comprend successivement la cavité buccale, le pharynx, l’œsophage, l’estomac, le duodénum, l’intestin grêle, formé de deux parties, le jéjunum et l’iléon, le côlon, familièrement appelé gros intestin (mais que les patients désignent souvent  par l’expression fautive « gros côlon ») ; le côlon est constitué de plusieurs parties : le côlon droit, qui commence au caecum, sur lequel est implanté l’appendice, le côlon transverse, le côlon gauche, dont la partie la plus importante, car le plus souvent cause de problèmes (diverticules en particulier), est le sigmoïde, qui se poursuit par le rectum, lequel se termine par le canal anal. Ouf…

Les hémorroïdes (du grec haïma, sang ; et rhéin, couler) sont situées dans le canal anal, qui comprend, outre une muqueuse très sensible,  un muscle strié circulaire dont la contraction volontaire permet de se retenir lorsqu’une envie pressante se fait jour : le sphincter anal. La peau qui entoure l’orifice anal s’appelle la marge anale, que l’on décrit comme un cadran horaire (on dira par exemple : fistule anale à 7 heures).

Hémorroïdes

Les hémorroïdes sont trois petits pelotons vasculaires situés à la terminaison des trois branches de l’artère hémorroïdale supérieure, elle même branche terminale de l’artère mésentérique inférieure, qui vascularise le tube digestif à partir du caecum (la partie supérieure du tractus digestif est vascularisée par l’artère mésentérique supérieure).

Anatomie du canal anal

Contrairement à une idée fausse très largement répandue, les hémorroïdes ne sont pas des veines ; il ne s’agit donc pas de varices anales, bien qu’elles en aient l’aspect.

Les hémorroïdes sont en fait des petits vaisseaux qui font communiquer directement des artérioles (petites artères) à des veinules (petites veines), sans passer, comme dans le reste de la circulation sanguine, par le stade des capillaires. Ce sont donc des anastomoses artério-veineuses, autrement dit des shunts artério-veineux.

Les hémorroïdes étant situées dans le canal anal sont, par définition, internes ; parler d’hémorroïdes internes est donc redondant. Les hémorroïdes ne sont pas visibles par un examen simple de l’anus ; il faut mettre en place dans le canal anal un anuscope pour les voir.

Mais il existe également des hémorroïdes externes, qui, lorsqu’elles ont été obturées par une thrombose hémorroïdaire, donnent lieu à des bourrelets cicatriciels disgracieux que l’on nomme marisques. Dans l’esprit de beaucoup de gens, ces marisques sont ce qu’ils croient être « les hémorroïdes ».

On notera que l’on utilise presque toujours le pluriel pour parler d’hémorroïdes, bien que l’on puisse employer le singulier pour décrire un paquet hémorroïdaire en particulier.

Symptômes hémorroïdaires

Comme il a été dit plus haut, les troubles liés à une poussé hémorroïdaire sont dénommés, faute de meilleure expression, hémorroïdes, ce qui prête à confusion.

Anuscopie

 Les symptômes dont les patients peuvent se plaindre sont soit des douleurs anales, appelées proctalgies (algie est synonyme de douleur), soit des émissions de sang rouge vif appelées rectorragies, et qui sont d’ailleurs à l’origine du mot hémorroïdes. Les émissions de sang noir par l’anus sont appelées méléna ou melaena  (du grec mélaïna, noire), et proviennent en général d’un saignement haut situé sur le tractus digestif ; le sang est noir et malodorant car il a été digéré par l’intestin.

Les signes que le médecin peut constater sont les suivants : les hémorroïdes peuvent être augmentées de taille par congestion, lors de ce que l’on appelle une crise hémorroïdaire ; on dit alors qu’elles sont congestives ; elles peuvent aussi s’extérioriser, et l’on parle alors de prolapsus hémorroïdaire (du latin pro, en avant, et labere, tomber),intermittent ou permanent ; le prolapsus hémorroïdaire peut être aigu ou chronique ; dans le premier cas, cela peut être très douloureux pour le patient, et très impressionnant pour le médecin qui examine le patient.

On peut aussi observer une thrombose hémorroïdaire, sous la forme d’un caillot de sang dans une hémorroïde, souvent externe, et donc visible à l’inspection de l’anus. En revanche, il n’y a jamais d’infection des hémorroïdes.

Prolapsus

Ce mot un peu étrange mérite quelques explications : il sert à désigner une situation dans laquelle un organe n’est plus à sa place normale, parce qu’il est descendu sous l’effet de la pesanteur ; c’est la raison pour laquelle les patients parlent de descente d’organe; les médecins, eux, emploient également le mot de ptose (ptose vésicale, hystéroptose, etc…), ou un mot formé avec le suffixe « cèle » (rectocèle, cystocèle, etc…). Tous les mots formés avec ce suffixe sont féminins. L’adjectif correspondant à prolapsus est prolabé.

Pour les hémorroïdes, on parle uniquement de prolapsus hémorroïdaire, à ne pas confondre avec le prolapsus rectal, ni avec la rectocèle. Tout cela n’est pas évident, j’en conviens bien volontiers.

Autres maladies anales

En règle générale, « les  hémorroïdes » représentent la seule affection de l’anus que connaissent les patients ; ils arrivent donc chez leur médecin avec ce seul diagnostic en tête. Mais il existe bien d’autres maladies de la région anale, comme les abcès de la marge anale, les fistules et les fissures anales, les tumeurs cutanées bénignes comme les condylomes et les papillomes (sortes de verrues), et bien sûr les tumeurs malignes (le cancer de l’anus est rare ; celui du rectum très fréquent).

Il existe également une affection très courante de cette région anatomique, dont les patients n’ont, en règle générale, jamais entendu parler : le sinus pilonidal, ou kyste sacro-coccygien, situé au niveau du sillon inter-fessier (la raie des fesses), juste au-dessus de l’anus.

Il faut toujours faire attention à ne pas attribuer hâtivement à des hémorroïdes la responsabilité d’une rectorragie, celle-ci pouvant être due à un polype colique ou même à un cancer du rectum ou du côlon. Un examen endoscopique devra donc être réalisé au moindre doute.

Qui traite les hémorroïdes ?

Proctologues

Les hémorroïdes n’étant pas, comme signalé plus haut, des veines, ce ne sont ni le phlébologue (spécialiste des veines), ni l’angiologue (ou angéiologue, spécialiste des artères et des veines), qui traitent les hémorroïdes. Celles-ci sont prises en charge par le gastro-entérologue pour le versant médical, et le chirurgien digestif pour le versant chirurgical.

Mais certains gastro-entérologues se sont hyperspécialisés dans le traitement des maladies anales et rectales, et sont devenus  proctologues, exerçant la proctologie (du grec prôktos, anus, et logos, discours) ; ils prennent en charge le diagnostic et le traitement, y compris chirurgical, des hémorroïdes.

Quels traitements pour les hémorroïdes ?

Il existe trois types de traitements :

Hémorroïdopexie de Longo

  • les médicaments qui apportent un soulagement : c’est le traitement symptomatique ;
  •  les gestes effectués en ambulatoire au cabinet du gastro-entérologue, comme les ligatures élastiques ou la cryothérapie, techniques regroupées sous le vocable de traitements proctologiques ;
  • et puis la chirurgie, avec trois catégories de techniques : les résections, autrement dit « l’hémorroïdectomie », sous toutes ses modalités, les techniques visant à repositionner les hémorroïdes à leur place normale, que l’on qualifie « d’hémorroïdopexie » (pexie veut dire « fixation »), et la ligature des vaisseaux repérés grâce au doppler : technique dite HAL-doppler. La plus connue des techniques d’hémorroïdopexie est l’intervention de Longo, du nom du chirurgien italien qui l’a imaginée et développée, mais elle a été détrônée par la technique HAL-doppler. 

Adjectifs

Nous l’avons vu tout au long de cet article, l’adjectif dérivé est hémorroïdaire, sauf pour l’anatomie, où l’on emploie hémorroïdal.

J’espère que ce bref panorama aura permis de dissiper pas mal d’idées fausses qui traînent sur ce sujet sensible.

Article publié le 18 août 2014, modifié le 25 mars 2020

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