Lorsque le processus physiologique et biologique de cicatrisation aura fait son œuvre, une plaie deviendra une cicatrice.
La plaie est le point de départ ; elle se définit par la rupture de la barrière cutanée, naturellement très résistante (sauf chez le sujet âgé).
Plaie
Les causes de plaies sont multiples, l'une des plus fréquentes étant bien entendu la chirurgie, puisque toute intervention nécessite une effraction cutanée, même si les plaies chirurgicales sont de plus en plus petites avec le développement de la chirurgie dite mini-invasive (vidéochirurgie).
Incision chirurgicale suturée
Une plaie chirurgicale est une incision, ou une excision si un couvercle cutané a été réséqué.
Toujours à propos de chirurgie, en cas de traumatisme inopiné d’un organe en cours d’intervention, on parlera également de plaie (par exemple, plaie du cholédoque lors d’une cholécystectomie difficile).
Les traumatismes de toutes sortes sont également de grands pourvoyeurs de plaies : les accidents de la voie publique, les accidents domestiques ou sportifs sont plutôt responsables de traumatismes dits fermés, sans effraction cutanée ; en revanche les traumatismes dits ouverts, donc avec présence d’une plaie, sont plutôt causés par les agressions de toutes sortes, avec notamment les plaies par arme blanche ou par arme à feu, qui sont également en cause dans les plaies de guerre (celles de la Première Guerre Mondiale sont à l’origine du développement spectaculaire de la chirurgie réparatrice).
Les plaies peuvent être superficielles ou profondes, et aucun organe n’est épargné, y compris des organes vitaux comme le cœur, l’aorte ou le foie.
Une erreur de langage est souvent commise dans la description des lésions traumatiques : on ne doit parler de plaie d’un organe (du foie, de la rate ou de tout ce que l’on veut) qu’en cas de traumatisme ouvert ; en cas de traumatisme fermé, la lésion organique est une contusion ou une fracture (du foie, de la rate, etc…).
Un traumatisme osseux avec fracture devient une fracture ouverte en cas de plaie associée ; le risque infectieux y est beaucoup plus élevé que dans une fracture fermée.
Ulcère de jambe
Les brûlures sont des plaies parfois très graves, dont la prise en charge correcte, toujours complexe, gagne beaucoup à être effectuée en milieu spécialisé (Centres des Brûlés). Vous noterez que l’accent circonflexe de brûlure est situé sur le premier « u ».
Les plaies peuvent aussi se définir par leur évolutivité, et l’on parle de plaie aiguë ou de plaie chronique, ces dernières étant en général liées à des troubles de la trophicité cutanée, comme dans les ulcères cutanés ou les escarres (la trophicité cutanée qualifie en quelque sorte l’état de santé de la peau).
Notons en passant qu'escarre est un mot féminin, ce qui n’est pas évident pour tous ceux qui sont appelés à employer ce mot.
Cicatrisation
Le processus biologique et physiologique qui permet à une plaie de se réparer est extrêmement complexe ; au terme de ce processus, qui peut parfois être très long, une plaie deviendra une cicatrice.
La cicatrisation peut se trouver ralentie, pour des raisons très nombreuses, liées habituellement au mauvais état général du patient (dénutrition, infection…), et l’on parlera alors de retard de cicatrisation.
A la fin d’une intervention, la plaie chirurgicale est, dans la majorité des cas, suturée par différents moyens (fils apparents ou inapparents, agrafes, colle…), aboutissant à ce qu’il est convenu d’appeler une cicatrisation « de première intention ». La cicatrice ainsi obtenue est solide au bout d’une dizaine de jours. Cependant, la cicatrice, même solide, va encore évoluer (en bien ou en mal) pendant de longs mois (pratiquement un an).
Pansement "à l'ancienne"
Mais il arrive que l’on ne souhaite pas, ou que l’on ne puisse pas fermer la plaie en fin d’intervention ; la plaie fera alors l’objet de soins infirmiers, processus qui porte le nom de cicatrisation dirigée. On aboutit ainsi à un bourgeon de cicatrisation. La plaie traitée de la sorte sera considérée comme fermée lorsque le bourgeon sera entièrement recouvert par de l’épiderme : c’est ce que l’on appelle « l’épidermisation ». Tant que celle-ci ne sera pas obtenue, la plaie suintera, ce qui ne veut absolument pas dire qu’elle est infectée, contrairement à une idée fausse largement répandue.
Tout ce qui vient d’être dit s’applique aussi à la cicatrisation des plaies chroniques que sont les ulcères et les escarres.
Dans la prise en charge d’une plaie, on peut être amené, selon l’évolution, soit à accélérer la cicatrisation, soit à la ralentir, par différents moyens, notamment des pansements dits techniques.
Pansement moderne
Tout produit qui permet d’aider la cicatrisation est qualifié de cicatrisant.
Cicatrice
Par définition une cicatrice est définitive, ce qui ne veut pas nécessairement dire qu’elle sera visible ; c’est d’ailleurs un des enjeux de la chirurgie esthétique que de rendre les cicatrices invisibles.
L’aspect définitif d’une cicatrice ne se juge qu’au bout de plusieurs mois, quand la cicatrisation sera complètement terminée.
L’aspect final de la cicatrice dépend essentiellement des capacités de cicatrisation du patient ; en revanche, l’aspect immédiat ne dépend que du travail du chirurgien, et l’on ne peut qu’être étonné que nombre de chirurgiens ne soignent pas plus leurs cicatrices cutanées, celles-ci étant, en quelque sorte, la signature du chirurgien.
Cicatrice hypertrophique et cicatrice chéloïde
Cicatrice chéloîde
Cicatrice hypertrophique
Nous avons vu que la cicatrisation peut être ralentie ; à l’inverse, elle peut être excessive, ce qui va aboutir soit à une cicatrice hypertrophique (c’est-à-dire épaissie), soit, pire, à une cicatrice chéloïde (du grec khêlê, pince d’écrevisse, et eidos, aspect), très disgracieuse et de traitement particulièrement complexe.
Les peaux pigmentées sont plus particulièrement sujettes au risque d’évolution vers une chéloïde.
Le mot chéloïde, qui est un adjectif, peut aussi être employé comme un substantif féminin, par élision du mot cicatrice : une chéloïde.
Eventration et éviscération
Lorsqu’une cicatrice se désunit, on aboutit soit à une éviscération, si cela survient dans les suites immédiates de l’intervention, soit à une éventration, si cela se passe à distance dans le temps.
Un article de cette encyclopédie est consacré à ce sujet.
« Plaies et Cicatrisation »
Système "VAC" pour accélérer la cicatrisation
Toutes ces questions de prise en charge des plaies sont très peu abordées pendant les études médicales, situation responsable du fait que peu de médecins sont réellement compétents pour traiter les plaies, alors que c’est le quotidien des infirmières ; et pourtant, c’est au médecin qu’incombe la prescription de soins infirmiers !
Afin d’améliorer la prise en charge des plaies, on a mis en place, ces dernières années, différentes structures et organisations que sont, notamment, le Diplôme Universitaire (DU) de plaies et cicatrisation, ouvert aux médecins et au personnel soignant, les commissions plaies et cicatrisation au sein des établissements d’hospitalisation, qui nomment des référents en plaies et cicatrisation parmi le personnel soignant ; enfin et surtout, des consultations de plaies et cicatrisation, mixtes (médecins et infirmières), ont été créées un peu partout, au plus grand bénéfice des patients, et aussi de l’Assurance maladie, qui a en charge le coût très élevé de ces soins : une prise en charge optimale permet de le diminuer de manière très sensible.
Article publié le 4 août 2014