J’entends très souvent des femmes me dire « il m’a fait la totale », en parlant du chirurgien qui les a opérées de l’utérus.
A l’évidence, elles ne veulent pas dire que ce dernier leur aurait fait « le grand jeu »… Cette expression signifie dans leur esprit qu’elles ont subi l’ablation de l’utérus et des ovaires. Bref, on leur aurait « tout enlevé ».
Un peu d’anatomie de l’utérus
L’utérus est un organe constitué par la fusion de deux parties distinctes : le corps, situé dans l’abdomen, et le col, placé au fond du vagin. Il est possible de n’enlever qu’une partie de l’utérus, à savoir le corps ou le col, ou la totalité de l’utérus. C’est cette dernière intervention, enlevant la totalité de l’utérus, que l’on appelle hystérectomie totale.
Si l’on n’enlève que le corps de l’utérus, en laissant en place le col, il s’agit d’une hystérectomie subtotale. Si on intervient sur le col, on réalisera une conisation si l’on n’en enlève qu’une partie (un cône), ou une trachélectomie si on le résèque en totalité. Ce dernier geste ne concerne guère que ce que l’on appelle le col restant après une hystérectomie subtotale.
Qu’en est-il des ovaires ?
Les deux ovaires sont attachés à l’utérus. Lorsqu’on enlève le corps de l’utérus, il faut donc décider de ce que l’on va faire des ovaires : les garder ou les enlever. Si on les conserve, l’hystérectomie sera conservatrice, dite aussi inter annexielle. Si on les enlève, l’hystérectomie sera dite non conservatrice, ou avec castration.
Quand on enlève les ovaires, on résèque habituellement les trompes dans le même geste, réalisant ce qu’il est convenu d’appeler une annexectomie, l’ensemble ovaire-trompe portant le joli nom d’annexe !
L’hystérectomie totale n’est pas ce que l’on croit
Donc, et contrairement à une idée très largement répandue, y compris parmi le personnel soignant, et même le personnel de bloc opératoire, l’adjectif totale accolé au substantif hystérectomie ne fait pas référence aux ovaires, mais à l’utérus. En conclusion, une femme qui vous dit avoir eu « la totale » peut parfaitement avoir encore ses ovaires, bien que, souvent, elle soit intimement persuadée du contraire.
Article publié le 1er mai 2017