Le médecin est un personnage très prisé des fictions romanesques, télévisuelles ou cinématographiques.
Les médecins que l’on trouve dans des romans, au cinéma ou à la télévision, sont en général de deux types : soit tout-à-fait réalistes, comme le Dr Sachs, personnage de Martin Winckler, ou les deux internes en médecine du film Hippocrate, soit caricaturaux, ce qui est malheureusement le cas le plus fréquent.
Médecins légistes déjantés
Songez, par exemple, aux nombreux médecins légistes, tous plus ou moins déjantés, que l’on voit dans les séries policières. Or, la plupart du temps, ces personnages sonnent faux, ne serait-ce qu’en raison d’un mauvais usage du langage médical et de ses codes (je rappelle par exemple que des médecins ne s’appellent quasiment jamais « docteur Untel » lorsqu’ils se parlent entre eux).
Erreurs flagrantes dans les fictions
Les erreurs deviennent encore plus flagrantes quand on montre à l’écran des gestes techniques : un acteur qui joue le rôle d’un chirurgien en train d’opérer multiplie les fautes d’asepsie. Dans la « vraie vie », comme on dit volontiers, vous ne verrez jamais un chirurgien venir parler à la famille d’une personne qu’il vient d’opérer la blouse couverte de sang ! Pourtant, il devrait être facile de demander à des médecins de donner quelques conseils de base pour rendre tout cela crédible.
J’imagine que les avocats, les juges et les policiers se font les mêmes réflexions quand ils voient des fictions dans lesquelles interviennent leurs professions respectives. Mais il faut bien rendre les personnages intéressants, à défaut d’être réalistes.
Médecin de campagne
Si vous voulez voir un acteur parfaitement crédible dans un rôle de médecin de campagne, précipitez vous sur « La maladie de Sachs », film de Michel Deville, avec l’extraordinaire Albert Dupontel en Dr Sachs. Il s’agit d’une très belle description d’un médecin atteint de burn-out.
Le livre dont le film a été tiré a été écrit par un médecin, Martin Winckler. Albert Dupontel a fait quelques années d’études de médecine ; de plus son père était médecin. Tout cela explique certainement en partie sa performance.
Dans « Fauteuils d’orchestre », de Danielle Thompson, il est d’une crédibilité absolue en pianiste virtuose. J’aimerais savoir s’il joue lui-même du piano, tant la performance de cet acteur génial est bluffante. Mais je m’éloigne de mon sujet…
Fictions médicales
Deux films sortis en 2016, et réalisés tous les deux par Thomas Lilti, traitent de la médecine de manière également très réaliste : Médecin de campagne, avec l’excellent François Cluzet dans le rôle-titre, et Hippocrate, qui traite des difficultés rencontrées par deux internes parisiens dans l’apprentissage de leur profession : un tout jeune homme (Vincent Lacoste) qui fait son stage dans le service de médecine interne de son père, et un médecin algérien plus âgé et expérimenté, interprété de manière extraordinaire par Reda Kateb. Ces deux excellents films montrent la pratique médicale comme elle est dans la réalité.
Je pense également au très beau film Réparer les vivants, de Katell Quillévéré, sorti aussi en 2016, et tiré du roman de Maylis de Kerangal publié en 2013. Il raconte, sans aucun pathos, le parcours tout-à-fait réaliste qui va amener le cœur d’un jeune homme en mort cérébrale à la suite d’un accident de voiture dans le thorax d’une femme en insuffisance cardiaque terminale, en attente d’une transplantation cardiaque.
Ces œuvres font la preuve éclatante qu’il n’est pas nécessairement besoin d’enjoliver la réalité médicale pour la rendre intéressante pour le public. Elles montrent également que le grand public peut s'intéresser à des médecins qui parlent un langage médical dénué de fautes et d'approximations.
Pour ma part, je me suis essayé à l’exercice de la fiction médicale réaliste, dont vous pourrez trouver quelques exemples dans le volet « Fictions » de l’encyclopédie médicale que vous êtes en train de lire.
Article publié le 18 décembre 2017