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Formation des mots médicaux

Etymologiquement, les mots du langage médical proviennent pour leur grande majorité du grec ou du latin.


 Avoir appris le grec et le latin, comme j’ai eu la chance de le faire pendant mes études secondaires, est donc très utile, quoi que non indispensable, pour la maîtrise de ce vocabulaire technique.


Racine grecque ou latine ?

Racine grecque

Ces mots ont donc été forgés à partir d’une racine, grecque ou latine (plus souvent grecque que latine), à laquelle on a éventuellement rajouté soit un préfixe, soit un suffixe, soit les deux. Ces préfixes et suffixes sont également d’origine grecque ou latine.

Mots techniques concernant la bile

Voici quelques exemples : tous les mots techniques qui concernent la bile sont formés à partir de la racine grecque « cholé » :

Voies biliaires

 

  • La vésicule biliaire s’appelle également le « cholécyste », le suffixe « cyste » désignant, en grec, une vessie, comme dans « cystite ». Cependant, on dit la « vésicule » biliaire et pas la « vessie » biliaire.
  • Le canal qui amène la bile du foie à l’intestin s’appelle le canal « cholédoque »,  formé avec le suffixe latin « doque », comme dans « aqueduc » (ouvrage d’art amenant de l’eau d’un point à un autre, comme le fameux pont du Gard). On peut même avoir deux suffixes, comme dans « cholédocotomie », qui désigne l’ouverture chirurgicale du canal cholédoque.
  • L’ablation de la vésicule, c’est la « cholécystectomie », le suffixe grec           « ectomie » désignant l’ablation. Toutes les exérèses d’organes finissent par « ectomie » : hépatectomie pour l’ablation du foie, gastrectomie pour celle de l’estomac, appendicectomie pour l’ablation de l’appendice, etc…

Ablation et ouverture

On notera que « tomie » désigne l’ouverture d’un organe, et « ectomie » l’ablation de l’organe. Et pourtant, ces deux suffixes dérivent du même verbe grec qui signifie « couper ». Quant au suffixe « stomie », très proche des deux précédents, il désigne un « abouchement », « stoma », en grec, signifiant la bouche. Le spécialiste des maladies de la bouche est d’ailleurs un « stomatologue », lequel n’est pas, comme beaucoup le pensent, un spécialiste de l’estomac.

On l’aura compris, une colotomie, une colostomie, et une colectomie, ce n’est pas tout à fait la même chose, même s’il s’agit toujours de gestes effectués sur le colon.

Le sein : racine grecque ou latine ?

Mammographie

Un exemple intéressant concerne les mots en rapport avec le sein, qui utilisent trois racines : deux latines et une grecque. Sein donne sénologie (du latin sinus, courbe, et du grec logos, discours). Cependant, ce sont deux autres racines qui sont le plus souvent employées: l’une est latine, « mamma », et donne par exemple (glande) mammaire ; l’autre est grecque, mastos, et on obtient, par exemple, mastite. En principe, il vaut mieux utiliser deux racines venant de la même langue, comme dans mastectomie (ablation du sein), nettement préférable à mammectomie, qui s’utilise aussi. En revanche, on parle toujours de mammographie (radiographie du sein), alors que, en toute rigueur, mastographie (mot très peu usité), serait préférable, tout comme il faudrait employer, mais on ne le fait pas, mastologie à la place de sénologie.

On notera qu’il y a deux « m » à mammaire, mais un seul « m » à mamelle et à mamelon.

Préfixes et suffixes

Les préfixes servent en général à modifier  le sens d’un même mot, comme « hypo » et « hyper » : une hypoglycémie, c’est un taux de sucre dans le sang trop faible ; trop élevé dans l’hyperglycémie. Bref, hypo c’est moins, hyper c’est plus. Idem pour « brady » et « tachy » : dans la bradycardie, le cœur bat au ralenti, dans la tachycardie, il s’accélère (attention, le "ch" de "tachy-" se prononce comme un "k").

Hypoglycémie est un exemple de mot avec un préfixe et un suffixe : « hypo » veut dire moins, comme nous venons de le voir ; « glyc » fait référence au glucose (le sucre), et   « émie » au sang : l’hypoglycémie, c’est donc  une insuffisance (préfixe) du  taux de glucose (racine) sanguin (suffixe).

Le vocabulaire médical recourt très fréquemment au prefixe "a", dit "privatif", qui signifie "absence de" ou "arrêt de ", comme dans "aménorrhée", qui signifie qu'une femme n'a pas, ou n'a plus de règles.

Le préfixe « dys » a deux significations différentes : il peut signifier « douleur », comme dans « dysménorrhée » (règles douloureuses), ou « difficulté », comme dans « dysurie » (nécessité, pour un homme ayant des problèmes avec sa prostate, de pousser pour initier la miction).

Les mots pour dire l'inflammation

Inflammation

Lorsque l’on parle de l' inflammation d’un organe, on utilise le suffixe « ite », comme dans appendicite, arthrite, conjonctivite, otite ou encore sinusite. Mais, pour bien compliquer les choses (les médecins aiment bien compliquer ce qui est simple !), ce suffixe est parfois accolé à une autre racine que celle utilisée pour désigner l’organe en question. C’est ainsi que la blépharite est l’inflammation d’une paupière, la glossite celle de la langue ; la kératite désigne l’inflammation de la cornée, la mastite celle du sein, l’orchite pour le testicule, et la salpingite pour les trompes... On pourrait multiplier les exemples.

Mots médicaux anglais

Faux ami

Il est intéressant de noter que les mots médicaux sont souvent très proches en français et en anglais, sans que l’on sache vraiment laquelle des deux langues a copié l’autre.

Mais attention toutefois aux "faux amis", comme "evidence", qui veut dire "preuve" en anglais.

Mots formés à partir de la même racine

Dernier point, il existe en général, pour une notion donnée, un substantif, un adjectif et un verbe, formés à partir de la même racine. Deux exemples : circoncision donne circoncire et circoncis ; déglutition donne déglutir et dégluti ; mais, pour certains patients, cela n’est pas évident, puisque l’on entend souvent dire « circonciser » et « déglutiner ».

Finalement, tout cela n’est pas aussi simple que cela paraît l'être, n’est-ce pas ?

Article publié le 3 avril 2017

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