Ce mot féminin vient de deux mots grecs : « bios », la vie, et « opsis », la vue : la vie et la vue, quelle poésie dans ce vocable…
Réaliser une biopsie consiste à prélever un fragment d’un organe, afin de l’analyser au microscope. Le prélèvement s’effectue de différentes manières : soit chirurgicale, soit lors d’une endoscopie, soit encore à l’aide d’une aiguille dite à ponction plus ou moins grosse. Selon la taille du prélèvement, on parlera de micro-biopsie ou de macro-biopsie. Le prélèvement est placé dans un liquide de conservation, puis adressé au laboratoire d’anatomo-pathologie, en abrégé labo d’ana-path. Les médecins emploient la plupart du temps la forme abrégée, nettement plus pratique.
Le médecin anatomo-pathologiste, autrement dit « l’ana-path », va se charger de lire et d’interpréter cette biopsie. Je signale qu’en anglais un anatomo-pathologiste est un pathologist, car pathology est l’équivalent anglais pour anatomo-pathologie. En français on pourrait dire pathologiste, mais cette expression n’est pas employée chez nous car la pathologie, en français, désigne l’étude des maladies.
Anatomie pathologique et anatomo-pathologie (« ana-path »)
Je reviens à notre ami l’ana-path, qui se charge de lire la biopsie. Celle-ci est découpée en très fines tranches, déposées sur des lames de verre. Ces tranches sont donc appelées communément des lames. Par exemple, en cas de doute sur l’interprétation d’une biopsie, on procèdera à une « relecture des lames ».
L’étude au microscope de l’architecture tissulaire s’appelle l’histologie, alors que l’étude des cellules constitue la cytologie. Le spécialiste va rédiger un compte-rendu histologique, en abrégé CRH, qu’il va adresser au praticien qui a réalisé la biopsie.
Il est possible de réaliser sur une biopsie des études complémentaires qui peuvent être assez sophistiquées, comme par exemple l’immunohistochimie, qui nécessitent parfois que les lames soient adressées dans des laboratoires hyperspécialisés. Il existe d’ailleurs une spécialisation des ana-path, certains s’intéressant plus particulièrement à un organe précis, comme la peau.
Biopsie, diagnostic et traitement
Pour certaines affections, comme le cancer, il est indispensable d’avoir le résultat d’une biopsie avant de commencer à traiter : sauf urgence, on n’enlèvera un organe supposé cancéreux qu’une fois le diagnostic de malignité posé avec certitude ; idem avant de démarrer une chimiothérapie.
Une notion est parfois difficile à faire comprendre à certains patients : si la médecine n’est pas une science exacte, l’anatomo-pathologie non plus : il est de rares cas où les spécialistes les plus pointus ne peuvent pas trancher entre deux hypothèses diagnostiques, ce qui peut être particulièrement problématique si l’on hésite entre malignité et bénignité.
Dernière précision sémantique, le mot biopsie ne s’emploie que pour l’étude d’un fragment d’organe vivant. Si l’on étudie l’organe entier, retiré à l’issue d’une intervention chirurgicale, on parlera d’examen anatomo-pathologique de la pièce opératoire. Mais s’il s’agit de l’autopsie d’un cadavre, on dira examen anatomo-pathologique du prélèvement.
Examen extemporané
Lorsqu'un examen anatomo-pathologique est réalisé en cours d'intervention, avec résultat fourni dans les minutes qui suivent, on parle alors d'examen extemporané, ou de biopsie extemporanée.
Et pour conclure, sachez que, contrairement à ce que pensent certains patients à qui l’on a fait une biopsie, le compte-rendu histologique, autrement dit le résultat écrit de la biopsie, n’est jamais adressé au patient, mais au médecin qui a prescrit et/ou réalisé la biopsie. Le patient, quant à lui, recevra la facture, si cette biopsie n’a pas été réalisée lors d’une hospitalisation.
Article publié le 27 novembre 2017