Association, voilà bien un mot qui parle à tout le monde.
En effet, dans notre beau pays, dès que quatre personnes du même village ou du même immeuble se rencontrent régulièrement, mettons pour jouer à la pétanque, il y a fort à parier qu’elles ne tarderont pas à former une association, avec un président, un vice président, un trésorier et un secrétaire ; comme cela, tout le monde est content !
Il existe bon nombre d’associations de patients, ou de médecins, qui répondent à cette définition. Mais ce n’est pas de ce type d’association dont il est réellement question dans le domaine médical.
On parle d’association dans deux circonstances principales : lorsqu’une prescription associe deux ou plusieurs médicaments, et lorsque des professionnels médicaux libéraux unissent leurs moyens et leurs compétences pour travailler ensemble (il peut donc s’agir de médecins, de chirurgiens dentistes, de kinésithérapeutes, d’infirmières…).
Association médicamenteuse
Lorsque l’on associe deux médicaments, on peut s’attendre à trois types de conséquences, que l’on appelle des interactions médicamenteuses : l’association peut être neutre, aucun des deux produits n’agissant sur l’autre ; elle peut être bénéfique, et donc recherchée, si l’un des deux médicaments potentialise l’action de l’autre ; mais elle peut surtout être néfaste, voire dangereuse, si l’un des deux produits administrés contrarie, voir annule l’action de l’autre : on parle alors d’antagonisme. Il y a donc des associations qu’il est imprudent, voire contre-indiqué, de faire.
Lorsque l’association porte sur plus de deux médicaments, il devient très difficile, voire impossible, de savoir comment tous ces médicaments vont interagir. Or, on voit parfois, notamment chez des personnes âgées, des ordonnances comprenant dix médicaments, voire plus !
C’est exactement la même chose en France pour les normes réglementaires : quand on en édicte une nouvelle, on ne supprime jamais les anciennes, au risque de voir deux normes se contredire. Il semble que ce soit un des pêchés mignons de notre beau pays.
Association de professionnels de santé libéraux
A vrai dire, il s’agit plus généralement de l’association entre membres d’une même profession libérale, car ce qui va être dit peut s’appliquer aussi bien aux notaires ou aux avocats. En revanche, on ne parle pas d’association dans la médecine hospitalière, donc salariée.
Les médecins sont réputés être des individualistes forcenés, ce qui rend leur association toujours problématique. S’ils s’associent, c’est en général pour partager les frais et les lourdes contraintes de leur métier, notamment dans les fameux « déserts médicaux ». Ce qui est plus difficile à partager, c’est la patientèle (on n’ose plus dire la clientèle), car les patients gardent leur propre médecin au sein de l’association. Ce n’est pas un hasard s’ils disent fréquemment, lorsque leur médecin est absent, et qu’ils ont dû être pris en charge ponctuellement par un des associés du cabinet : « j’ai vu le remplaçant de mon médecin ».
Ce qu’il est possible également de partager, ce sont les honoraires. Mais pour que cela fonctionne, il faut que les activités de chacun des associés soient du même ordre de grandeur. Le partage d’honoraires devient vite une source de conflit si l’un des associés travaille nettement plus (ou nettement moins) que les autres.
Il existe un grand nombre de formules d’associations, qui dépendent surtout du type d’activité : cabinet de groupe de généralistes, maison médicale pluri disciplinaire, spécialistes travaillant au sein d’un même plateau technique (cabinet d’imagerie médicale…).
L’association doit être concrétisée par un contrat passé entre les associés, qui définit la structure juridique de l’association, comme la SCM (Société Civile de Moyens), la SCP (Société Civile Professionnelle), etc…
On a coutume de dire qu’il est assez facile d’associer deux médecins, pourvu qu’ils aient la même conception de leur métier, mais que cela devient nettement plus difficile dès qu’un troisième larron intervient.
Ce qui est sûr, c’est qu’une association réussie, c’est le paradis professionnel, alors que le contraire devient vite l’enfer quotidien. Cela rappelle assez le mariage entre deux individus (quelque soit leur sexe), tout compte fait.
Article publié le 16 octobre 2017