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Analgésie / Anesthésie

L’anesthésie englobe l’analgésie.


L’anesthésie (du grec aïsthêsis, sensation) est une suppression générale ou partielle de la faculté de ressentir, notamment la douleur.

Le mot algie (du grec algos, douleur) désignant une douleur, le terme analgésie est donc employé pour caractériser une technique ou un produit qui supprime la douleur..


Selon le territoire concerné par l’anesthésie, on distingue trois types de techniques :

  • l’anesthésie locale ;
  • l’anesthésie locorégionale ;
  • l’anesthésie générale.

Anesthésie locale

L’anesthésie locale supprime la douleur dans un territoire assez petit, ce qui permet de faire des gestes limités en étendue et en profondeur, comme la chirurgie cutanée ou les soins dentaires, entre autres.

Anesthésie locale

L’anesthésie locale rend le soin indolore, mais ne supprime pas les sensations : lorsque l’on vous fait un soin dentaire sous anesthésie locale, vous êtes parfaitement conscient(e) de ce qu’est en train de faire votre chirurgien dentiste. On devrait donc plutôt parler d’analgésie  que d’anesthésie locale, mais c’est ce dernier terme que l’usage a consacré.

Les produits utilisés en anesthésie locale sont le plus souvent injectés superficiellement, mais il existe d’autres formes d’application, comme des sprays, des gels ou des crèmes.

Pour une meilleure tolérance de l’anesthésie locale

On utilise parfois, surtout chez les enfants, une crème qui est appliquée sur la peau à anesthésier une heure avant le geste supposé douloureux, et protégée par un pansement étanche. Cet artifice rend la pénétration cutanée de l’aiguille indolore, mais pas celle du produit sous la peau, qui peut être douloureuse dans les zones où la peau est sous tension (doigts et orteils en particulier). Cette technique est très utile chez les patients qui redoutent les prises de sang.

MEOPA

L’efficacité de l’anesthésie locale dépend en grande partie de l’état d’appréhension du patient, certains d’entre eux pouvant être littéralement terrorisés par le geste envisagé. On a donc développé des techniques complémentaires à l’anesthésie locale, qui permettent de rendre le geste non seulement indolore, mais également nettement plus confortable.

On peut ainsi injecter des médicaments sédatifs qui vont permettre d’obtenir ce que l’on appelle une sédation.

On peut également faire respirer au patient un mélange équimolaire (c’est-à-dire à parties égales) d’oxygène et de protoxyde d’azote (MEOPA). Le protoxyde d’azote est également connu sous le nom de « gaz hilarant ». Ce mélange permet de mettre le patient « sur un petit nuage », pendant que l’opérateur intervient.

Hypnose et hypno analgésie

Une technique tend à se développer à grande vitesse, c’est le recours à l’hypnose, dans ce qu’il est convenu d’appeler l’hypno analgésie.

Sous sa forme la plus simple, c’est l’hypnose dite conversationnelle que l’on utilise. Il s’agit de dialoguer avec le patient pendant que l’on intervient, de manière à détourner son attention vers des sujets qui l’intéressent. Cela marche particulièrement bien avec les enfants.

Anesthésie sous hypnose

Sous une forme plus élaborée, on aura recours à une véritable transe hypnotique, qui permet de réaliser sous hypno analgésie des gestes qui, sans cela, nécessiteraient une anesthésie générale. Cette technique est de plus en plus utilisée, notamment dans la chirurgie thyroïdienne.

Quels que soient les artifices utilisés, la clé du succès de l’anesthésie locale est la mise en confiance du patient ; il convient également d’avoir des gestes très doux, et, surtout, de savoir attendre que la technique anesthésique choisie ait atteint son efficacité maximale.

Anesthésie locorégionale

Rachi anesthésie

Le stade suivant est l’anesthésie locorégionale, qui « endort » un territoire beaucoup plus vaste. Entendons-nous bien : le territoire concerné est rendu totalement insensible, mais, comme dans l’anesthésie locale, les sensations persistent, et, en particulier, la conscience.

Les patients confondent souvent ces deux modalités d’anesthésie, à savoir locale et locorégionale, et il est important de les détromper, car les risques ne sont pas les mêmes ; en règle générale, ils ont tendance à penser que l’anesthésie locorégionale n’est qu’une modalité de l’anesthésie locale.

Rachi anesthésie

Anesthésie rachidienne et blocs nerveux

Nous avons à notre disposition deux catégories de techniques : l’anesthésie rachidienne et les blocs nerveux.

L’anesthésie rachidienne existe sous deux variantes : l’anesthésie péridurale (dite encore « la péridurale ») et la rachianesthésie. Alors que tout le monde connaît l’expression péridurale, la plupart des patients n’ont jamais entendu parler de la rachianesthésie, pourtant beaucoup plus souvent utilisée que la péridurale, du moins en chirurgie.

Sans entrer dans les détails techniques, la rachianesthésie est utilisable dans toute la chirurgie de la moitié inférieure du corps : chirurgie des membres inférieurs et du bassin.

L’anesthésie péridurale est utilisée essentiellement en obstétrique (l’accouchement sans douleur), et aussi pour obtenir une analgésie postopératoire dans les grosses interventions réputées douloureuses, notamment en chirurgie carcinologique (chirurgie du cancer). Elle est alors utilisée en complément de l’anesthésie générale.

Bloc nerveuxAnesthésie par bloc nerveux

Les blocs nerveux, qui entraînent une analgésie dans le territoire d’un nerf, sont de plus en plus utilisés, notamment dans la chirurgie des membres. On parle de bloc car la technique vise à bloquer le message douloureux véhiculé par les nerfs sensitifs.

Le nerf concerné est repéré par échographie, puis infiltré par un produit anesthésiant. Mais on peut également, tout comme pour la péridurale, utiliser les blocs nerveux en complément de l’anesthésie générale, pour rendre les suites opératoires immédiates peu douloureuses, ce qui est très important en chirurgie ambulatoire.

Anesthésie générale

L’anesthésie générale (et non anesthésie « totale », comme on l’entend souvent appeler), communément appelée AG, est le palier ultime de l’anesthésie. Elle associe à l’analgésie un sommeil profond, produit par des médicaments dits « hypnotiques » (rien à voir avec l’hypnose). Au réveil du patient, il y a une amnésie totale de ce qui s’est passé pendant la période d’anesthésie.

Là encore, on distingue deux niveaux dans l’anesthésie générale, selon que le patient est curarisé ou pas. La curarisation est provoquée par l’injection de médicaments que l’on appelle des curares (et qui dérivent du produit utilisé par les Indiens d’Amazonie pour empoisonner leurs flèches). Elle entraîne un relâchement musculaire, qui facilite le travail du chirurgien. Mais ce relâchement s’accompagne obligatoirement d’une paralysie temporaire du diaphragme, qui empêche le patient de respirer par lui-même. Il doit donc être raccordé à un appareil, le respirateur, par le biais d’un tuyau enfoncé dans la trachée, la sonde d’intubation. Une fois endormi, le patient est donc intubé, puis extubé au réveil.

Rôle de l’anesthésiste

Anesthésiste

Comme les produits utilisés ont une durée d’action assez courte, l’anesthésiste doit les réinjecter en fonction du déroulé de l’intervention. Il arrive parfois que, malgré la surveillance, le malade se décurarise en cours d’intervention, ce qui oblige l’anesthésiste à réinjecter rapidement les produits nécessaires. Cette désynchronisation est une source fréquente de petits conflits entre anesthésiste et chirurgien, surtout si ce dernier est quelque peu impatient.

A ce propos, les chirurgiens aiment bien rappeler cette définition un peu cynique de l’anesthésiste : « médecin qui dort à côté d’un patient qui ne dort pas ! ».                                    

Anesthésie en pleine surveillance de son patient

A noter que seul un anesthésiste peut réaliser une anesthésie générale ou rachidienne, alors que les blocs nerveux et l’anesthésie locale peuvent être réalisés par le chirurgien.

Les substances utilisées en anesthésie sont appelés indifféremment produits anesthésiques ou anesthésiants. Ils sont manipulés par un médecin anesthésiste, qu’on appelle plus simplement l’anesthésiste.

Travail d’équipe : comparaison avec l’aéronautique

L’anesthésiste travaille en collaboration étroite avec un infirmier spécialisé appelé IADE (Infirmier anesthésiste diplômé d’état) ; en abrégé, on dit infirmier anesthésiste. Ce dernier a un rôle essentiel, notamment dans la surveillance du patient anesthésié.

Aviation

Il va de soi que la bonne entente entre l’équipe chirurgicale et celle de l’anesthésie est indispensable pour travailler en toute sécurité. En effet, sans anesthésiste, le chirurgien ne peut pas faire grand-chose ; et, sans chirurgien, l’anesthésiste ne sert pas à grand-chose. Ils sont donc condamnés à s’entendre ! L’anesthésiste et le chirurgien doivent avoir défini « qui fait quoi » : par exemple, qui prescrit la thromboprophylaxie.

Dernier point concernant l’AG : les patients disent souvent, pour se rassurer, qu’ils auront une « petite » anesthésie, comme c’est le cas, par exemple, pour une coloscopie. Or, sur le plan du risque, l’anesthésie s’apparente un peu à un vol aérien : même si le vol est court, il faut bien décoller puis atterrir, ces deux étapes étant considérées comme les plus dangereuses d’un voyage en avion. Il n’y a donc pas, à proprement parler, de « petite » anesthésie, mais des anesthésies plus ou moins brèves. La durée de l’anesthésie est, par définition, calquée sur celle de l’intervention.

Une petite précision sémantique pour terminer : le médecin qui délivre une anesthésie est un médecin anesthésiste-réanimateur (MAR), qui exerce la spécialité d’anesthésiologie, différente de la réanimation médicale. Mais anesthésiologie et anesthésiologiste sont des termes à vrai dire peu usités.

Article publié le 5 mai 2014

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